dimanche 31 octobre 2010

Entre le Cygne et la Carpe, une bataille ? non, un affrontement pour des croûtes de pain ! Oui, mais pourquoi ce conflit insolite, inhabituel ?

( Voir dans le billet du Dimanche 24 Octobre 2010 , le problème à résoudre, à la suite de la question posée .)

Quelques jours plus tard, pour prendre des photographies, puis toutes les semaines suivantes, dans l'espoir d'obtenir une nouvelle prise de vue d'un tel face-à-face, match , nous avons tenté, en lançant des croûtes de pain, de provoquer une situation analogue où un cygne et une carpe seraient aux prises, c'est-à-dire s'affronteraient pour se disputer la nourriture .

Gras Déception !

Cette situation ne s'est pas reproduite . Les cygnes ont pu accéder aux croûtes de pain sans problème, les carpes ne s'étant pas manifestées .

Pour quelle raison, cette scène exceptionnelle ne s'est-elle pas répétée, renouvelée ?

Après réflexion, nous avons réussi à reproduire une scène analogue !

Réfléchissez et dites nous ce que nous avons découvert .

Vous pouvez proposer des réponses dans le cadre : commentaire, situé à la fin de chaque billet .

Bon courage .

En attendant un prochain billet dans lequel vous découvrirez ce qui s'est passé, nous sommes toujours fidèlement vôtre . Esiobreg .

samedi 30 octobre 2010

Ecrire, est-ce uniquement, former des lettres, des caractères,la manière d'exprimer sa pensée ? « Avant donc que d'écrire, apprenez à penser » Boileau

«Bien écrire, c'est à la fois bien penser,bien sentir et bien rendre ( ses impressions intérieures à son entendement) : c'est avoir en même temps de l'esprit, de l'âme et du goût» . Buffon

« Celui-là seul sait écrire qui écrit d'une telle sorte qu'une fois la chose faite, on n'y peut changer un mot». Victor Hugo

L'ambition excessive, au plus haut point, folle (dans ce cas ce mot est un adverbe d'intensité : [ travailler, rire comme un fou] , considérable ; l'excès de l'énergie déployée justifie la comparaison ; désespérée : ou parfois dans des conditions difficiles… !) de l'institution scolaire ,c'est d'apprendre aux enfants à lire, mais surtout écrire et compter.

Est-il possible que tous les enfants sachent lire ?

Il n'existe pas d'à priori négatif, et un tel projet est raisonnable.

Cependant, que tous puissent écrire selon le sens que l'on donne à cet apprentissage, à cette possibilité, à cette constatation, ne relève pas du même défi (obstacle à surmonter ) . On peut se rendre compte que leurs capacités de lecteurs sont variables surtout si on vérifie la capacité de comprendre en fonction du contexte. Piètres (très médiocres) sont celles, sauf exceptions, des auteurs d'écrits, même de textes courts et assez banals, même de textes techniques relevant du domaine de compétence.

Savoir écrire est à plusieurs sens. Connaître les lettres (savoir les déchiffrer) de l'alphabet, écrire avec leur orthographe les mots courants, pouvoir écrire sous dictée, pouvoir rédiger un texte simple sur un sujet donné, pouvoir rédiger un texte long, maîtriser l'écriture d'une ou plusieurs disciplines, avoir du style (voir le billet du 25 octobre) ,publier (préparer un texte qui devra être lu, apprécié des autres ) des textes, ne relèvent pas de la même expertise (capacité de réalisation). il sera nécessaire d'en tenir compte dans les nombreux contextes que nous aborderons, puis traiterons.

Il sera nécessaire de tenir compte de toutes ces considérations.

Qu'une langue qui s'écrive, puisse la transformer radicalement, c'est certain , non moins (autant que) que se transforment la culture, la vie même, de qui accède à l'écriture.

L'écriture, c'est un travail, un difficile travail :

Depuis le petit enfant qui tire la langue en bouclant ses l et ses n, au chercheur rédigeant un article ou à l' écrivain terminant un chapitre, il y a un immense continuum (ensemble d'éléments homogènes) de texte s'élaborant dans le désir de la tâche à mener à bien.

Depuis l'activité du scribe égyptien traçant des hiéroglyphes sur des feuilles de papyrus, du scribe médiéval écrivant sur du parchemin, jusqu'à la saisie de texte sur Internet comme je suis en train de le faire (on ne tient plus un porte-plume et même maintenant, avec certains logiciels ,on peut dicter tout simplement ce que l'on désire écrire), on trouve tous les Savoirs, toutes les Sciences s'élaborant au long de notre histoire culturelle. Sur ces routes cheminent, à leur place, nos populations d'élèves : en peinant! plutôt qu'en entrant dans l'illusoire « plaisir d'écrire »,ce qui est regrettable, que chantent parfois les pédagogues ;elles partent de rien, pour aller « le plus loin possible », comme le disent souvent les parents. Nous interrogerons ce trajet,cet espace à parcourir.

Tracer des lettres, écrire des mots : c'est aller du dessin à l'écriture :n'est-ce pas ?

C'est en considérant les écritures qui nous sont étrangères qu'on perçoit ce qu' est aussi la nôtre pour qui ne la connaît pas :une épaisse forêt de signes graphiques qu'il faut apprendre à décrypter (restituer, reconstituer le sens d'un texte obscur …) , à reproduire, à automatiser. C'est un savoir proprement graphique qui est mis en œuvre dès la moyenne section de maternelle, geste après geste :

C'est du dessin que va naître l'écriture.oui

Dès 18- 20 mois, l'enfant produit spontanément des gribouillages (écriture mal formée, peu lisible, confuse) ;

Vers 2 ans et demie , l'œil de l'enfant commence à pouvoir guider sa main, au lieu de la suivre : les trait se différencient (devenir différent, de plus en plus différent ) et s' affinent [boucles, zigzags…] mais restent produits pour eux-mêmes .
.

C'est vers 4 ans que se produit le "renversement fondamental " : l'enfant vise à reproduire des objets du monde [« dessine-moi un mouton… »] ; C'est la sortie du seul dessin spontané et l'accès à la copie. La reproduction de lettres est une copie particulière[imitation] qui appelle la maîtrise des formes géométriques de base : cercle, carré, triangle, losanges - ce qui sera en place vers 5-6 ans.

Pouvoir écrire suppose aussi la prise manuelle efficace du crayon, afin que ce soient les mouvements des doigts et du poignet qui assurent l'écriture.

Long et patient travail des maîtresses de maternelle:

Le stylo est d'abord attrapé à pleines main.

Pouvoir écrire suppose enfin l'accès à l'enchaînement graphique (lettres attachées) et à la vitesse de formation des lettres, des mots et des phrases :

Enchaîner des lettres pour écrire des mots.

Accélérer pour écrire des phrases, puis des textes.

L'augmentation de la vitesse d'écriture est nette entre 7 et 9 ans, puis stagne jusque vers 13 ans ; elle augmente alors pour atteindre une vitesse moyenne de deux lettres par seconde.

Ainsi "s'installent " dans notre cerveau les modèles graphiques fondamentaux sans lesquels nous ne pourrions rien écrire ; il constituent un stock propre,construit pour l'essentiel entre 5 et 7 ans . Ce sont, pour chaque lettre et suite de lettres, des images mentales très abstraites dont nous n'avons aucune conscience (aucun souvenir) , mais que le petit enfant installe au fil de centaines et de centaines de tracés graphiques faits et refaits, «reparcourus».

Ainsi pouvons-nous appréhender l'un des aspects de la « patience » de l'écriture :

Entrer dans l'écriture
,

C'est entrer dans un travail de longues années de lettrisme (activité d'écriture) . Ainsi apercevons-nous combien l'écriture est de l'ordre du matériel : la lettre est un cas particulier de trace, qui nécessite un support, un outil, la maîtrise progressive d'un espace plan ou courbe ; une lettre s'inscrit sur une page, avec un crayon ou un stylo, dans un temps donné.

Écrire, c'est très matériel, cela se voit, se donne à voir même : il y a une relation entre lettres et arts graphique ;c'est très manuel : faut y être habile. C'est toujours d'abord une copie : et ne copie pas qui veut, encore faut-il apprendre.

Tandis que la lecture place le très jeune enfant au contact direct du temps des livres, du sens et des histoires [« lis-moi encore !»], l'écriture demeure un lieu : très longtemps celui du «papier- crayon», des gribouillages, puis de la copie de lettres… Un lieu assez aride…

( à suivre)

Fidèlement vôtre . Esiobreg , petite sœur de Gerboise . Vous pouvez rejoindre cette dernière en cliquant sur l'image de Gerboise dans la partie haute de la colonne de gauche, puis revenir sur le site d'Esiobreg en cliquant sur son image dans cette même colonne.

lundi 25 octobre 2010

La magie des mots :le style* est la manière propre à chacun d'exprimer sa pensée par l'écriture ou la parole . Le fond** et la forme*** ne font qu'un.

.

*Le style : dans le langage, aspect remarquable de l'expression par le langage écrit [plus rarement oral]; manière de s'exprimer particulière à chaque individu, d'écrire, présentant des qualités particulières, littéraires . Et comme le disait Boileau :

« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément».

« Presque toujours, les choses qu'on dit frappent moins que la manière dont on les dit ,car les hommes ont tous à peu près les mêmes idées de ce qui est à la portée de tout le monde. L'expression, le style fait presque toute la différence. Le style rend singulières les choses les plus communes, fortifie les plus faciles, donne de la grandeur aux plus simples. Sans le style, il est impossible qu'il y ait un seul bon ouvrage en aucun genre d'éloquence et de poésie». Voltaire.

Ensemble des caractéristiques des œuvres d'art d'une même époque: par exemple le style gothique.

Dans le comportement ,manière personnelle d'agir, de se comporter, de pratiquer une activité, un sport… Manière d'être ; style de vie, d'action ...

« Le style résulte d'une sensibilité spéciale à l'égard du langage. Cela ne s'acquiert pas ; mais cela se développe » Paul Valéry .

** le fond, ce sont les matériaux, les pensées, la substance, le sujet… Ce qu'il y a d'essentiel dans une chose, ce qui la constitue principalement, par opposition à la forme, à l'apparence, à l'accessoire,etc. Ce qu'il y a de plus intérieur,de plus intime, ou de plus cachés dans le cœur,dans l'esprit…

*** la forme,c'est l'expression, le revêtement, l'habillement… Elle est l'ensemble des qualités extérieures que revêt un texte, la matière… elle est l'apparence réelle, contrôlable; elle désigne,dans un sens littéraire, tous ce qui s'oppose au fond: langue, style, expression.

Dans ce billet, nous n'ouvrirons pas de nombreuses parenthèses explicatives des termes et expressions utilisées . Nous vous laisserons " visiter "vous-même votre dictionnaire et , découvrir ainsi le sens et la signification des mots qui pourraient vous poser des problèmes de compréhension . Si des difficultés survenaient , vous pourrez toujours laisser un message dans le cadre des commentaires réservé à cet effet à la fin du billet .

Vous devez avoir dès maintenant connaissance de cette caractéristique fondamentale du savoir écrire et parler.

En somme, qu'est-ce que le style ?

Le style et la manière propre à chacun d'exprimer sa pensée par l'écriture ou la parole.

Par l'écriture, chez l'écrivain.
Par la parole, chez l'orateur.

Le style est la marque personnelle du talent. Plus il est original, saisissant, plus le talent est personnel. Le style c'est l'expression, l'art de la forme, qui rend sensibles nos idées et nos sentiments ; c'est le moyen de communication entre les esprits.

Ce n'est pas seulement le don d'exprimer ses pensées, c'est l'art de les tirer du néant, de les faire naître, de voir leurs rapports,l'art de les féconder et de les rendre saillantes .Le style comprend le fond et la forme.

Il faut bien se persuader que les choses qu'on dit ne frappent que par la manière dont on les dit. D'une façon générale, nous pensons à peu près tous les mêmes choses. La différence est dans l'expression et le style. Il relève ce qui est commun ; il trouve de nouveaux aspects à ce qui est banal ; il grandit ce qui est simple, il fortifie ce qui est faible.

Bien écrire, c'est tout à la fois bien penser, bien sentir et bien rendre les effets que l'on désire exprimer.

Le style est l'art de saisir la valeur des mots et les rapports des mots entre eux.


Les idées simples qui représentent les mots du dictionnaire, ne suffisent pas à faire un écrivain. Celui qui connaîtrait tous les mots du dictionnaire pourrait néanmoins être incapable de tracer une phrase ; car le talent ne consiste pas à se servir sèchement des mots, et à découvrir les nuances, les images, les sensations qui résultent de leurs combinaisons.

Le style est donc une création de forme par les idées est une création d'idées par la forme. Le style est une création perpétuelle :

Création d'arrangements, de tournures, de ton, d'expressions, de mots et d'images
.

Plus cette création est sensible à la lecture, se perçoit facilement, meilleur est celui qui écrit, ou l'écrivain.

Le rapprochement, l'emploi de certains mots leur donne une magie spéciale, une poésie particulière, une signification nouvelle.

Guy de Maupassant dit quelque part : « les mots ont une âme. La plupart des lecteurs et même des écrivains ne leur demandent qu'un sens. Il faut trouver cette âme,qui apparaît au contact d'autres mots, qui éclate et éclaire certains livres d'une lumière inconnue,bien difficile à faire jaillir. Il y a, dans les rapprochements et les combinaisons de la langue écrite par certains hommes, toute l'évocation d'un monde poétique que le peuple des "mondains" ne sait plus apercevoir ni deviner. Quand on lui parle de cela, il se fâche, raisonne, argumente, nie, crie et veut qu'on lui montre. Il serait inutile d'essayer . Ne sentant pas, il ne comprendra jamais.
Les hommes instruits, intelligents, écrivains même, s'étonnent aussi quand on leur parle de ce mystère qu'ils ignorent ; et ils sourient en haussant les épaules. Qu'importe ! Ils ne savent pas. Autant parler musique à des gens qui n'ont point d'oreilles ».

Le style et donc la façon de chacun de créer des expressions pour rendre, exprimer, sa pensée.

Il peut être long, court,coloré, c'est, abondant, vif, périodique, selon les tempéraments.

Il est diffus, pâle,incolore, lâche chez les mauvais écrivains ; serré, nerveux, en relief, chez les bons écrivains.

L'union est si complète entre le caractère et le style d'une personne,qu'on a pu dire avec vérité :le style, c'est l'homme.

La vivacité des paroles, l'énergie des conceptions, le tour même de la conversation parlée,l'originalité de l'imagination, tout cela se peint exactement dans le style d'un homme.

Le style et le reflet du cœur, du cerveau et du caractère.

Non seulement cela est vrai des individus, mais cela est vrai des peuples.

On remarque de nos jours des différences entre le style des Français,des Espagnols, des Allemands et des Anglais.

Savoir beaucoup de choses n'apprend pas à être bon écrivain ;

Le style est indépendant de l'érudition ;

Aussi en disant qu'il faut lire beaucoup pour être capable d'écrire, on suppose, bien entendu, qu'on a en soi des aptitudes au style,au moins une vocation moyenne et un goût déterminé. Sans cela,

la plus immense érudition ne fera pas trouver une tournure de phrase.

Il y a des gens très savants, ils ne seront jamais écrivains, et il y a des écrivains brillants qui ne savent pas grand-chose.

Le savoir et l'art d'écrire sont choses distinctes, qui ne vont pas toujours ensemble.

« Les ouvrages bien écrits, dit Buffon, seront les seuls qui passeront à la postérité. »Il ajoute :« Toutes les beautés qui s'y trouvent, tous les rapports dont le style est composé sont autant de vérités aussi utiles et peut-être plus précieuses pour l'esprit humain que celles qui peuvent faire le fond du sujet. »

« Le style, dit Buffon,est l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées. »

L 'ordre, c'est-à-dire la logique des idées, leur enchaînement, leur fond ;le mouvement,c'est-à-dire, la vie, la forme ; l'ordre, qui est la concentration, l'allure, l'ensemble ; le mouvement, qui est l'imagination, l'agrément, le relief...

Ici intervient la fameuse distinction du fond et de la forme.

Les uns les séparent et les différencient ;

Le fond ,ce sont les matériaux, les pensées, la substance, le sujet ;
La forme, c'est l'expression, le revêtement, l'habillement. Cela fait deux choses à part.

Les autres disent :

Le fond et la forme ne font qu'un ; on ne peut pas plus les séparer que le muscle de la chair . Il est impossible d'exprimer une idée qui n'ait pas une forme, comme on ne peut concevoir une créature humaine qui n'ait pas une âme et un corps.
Quand on change la forme, on change l'idée, et de même la modification de l'idée entraîne celle de la forme.

Travailler la forme, c'est travailler l'idée. La forme colle sur l'idée.

Cette théorie est la vraie,et il faut s'y tenir .
Dans certains cas très rares, le changement de la forme, en effet n'altère pas l'idée .

Ainsi, si je dis :

« Il pleut » pour : « il tombe de l'eau» ; pleurer, pour verser des larmes ; s'agenouiller, pour se mettre à genoux ; un bruit retentit, au lieu de un bruit se fit entendre, j'aurais employé une forme meilleure qui n'aura pas changé d'idée ; mais c'est là plutôt une synonymie qu'une modification de forme.
En dehors de ce genre de corrections purement grammaticales,

l'idée subit toujours les changements de la forme. J'écris cette phrase :

« Nos cœurs enivrés de l'amour mondain». Je la retravaille et je mets :

« Nos cœurs enchantés de l'amour du monde»[Bossuet]. L'idée s'est modifiée d'après les nuances d'une nouvelle forme. Enchantement dit autre chose qu'enivrement, et aimer le monde n'est pas la même chose qu'éprouver l'amour mondain.

Si, au lieu de dire :« Les martyrs étaient animés du désir de souffrir» ce qui me donne des consonances désagréables, je dis : « les martyrs étaient animés de l'avidité de souffrir »[Bossuet], j'aurais trouvé une expression superbe qui aura changé l'idée, car le désir n'est pas l'avidité. Je ne veux pas dire que Bossuet ait trouvé cette expression par un travail d'embellissement et un effort de surcharge. Je suppose le fait pour montrer que modifier la forme, c'est modifier l'idée.

La forme et le fond ne font qu'un.

On ne peut, en général et d'une façon définitive, toucher à l'une sans altérer l'autre.

Quand on dit d'un morceau :« le fond est bon, mais la forme est mauvaise », cela ne signifie rien, car c'est la valeur de la forme qui rend le fond bon. Il faudrait dire :

« Le fond pourrait être excellent ,si la forme était bonne » car c'est la forme qui fait valoir le fond.

Nous l'avons tous constaté : en travaillant, en vous refaisant les phrases, nous croyons ne rien changer, n'améliorer que la forme, et voilà que tout se repétrit (pétrir) ,les idées se multiplient ; il arrive des incidentes, les proportions grandissent, l'alinéa augmente ; nous apercevons des images inattendues, des rapports nouveaux, tant il est vrai qu'on ne peut toucher à la forme sans bouleverser l'idée.

La forme est tellement inséparable de l'idée, que la dernière incarnation de la forme arrive à n'être que l'expression de l'idée pure. Essayez donc d'exprimer autrement certaines pensées, certains vers littérairement mathématiques, comme ceux-ci :

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément…

La raison du plus fort est toujours la meilleure…

Rien ne sert de courir ; il faut partir à point…

Plus fait douceur que violence…

De loin c'est quelque chose et de près ce n'est rien…

En toute chose il faut considérer la fin.

Entre autres conseils remarquables, et qu'il faut retenir pour se rendre compte du style, Buffon recommande « qu'on ajoute le coloris à l'énergie du dessin ». Il veut « qu'on donne à chaque objet une forte lumière »; il exprime le désir que chaque pensée soit une image. C'est ce dernier conseil qui a prévalu quand est venu Bernardin de Saint-Pierre,Chateaubriand, Théophile Gautier, et que la littérature française a été lasse de la beauté sans coloris.

Essayons de condenser la quintessence (ce qu'il y a d'essentiel [ la substance ] ,de plus précieux pour celle ou celui qui doit commencer à se lancer dans son propre perfectionnement en vue d'exprimer sa pensée) de ces propos sur le" Style".

Le style est l'effort par lequel l'intelligence et l' imagination trouvent des nuances,des rapports, des expressions et des images, dans les idées et les mots ou dans la relation qu'ils ont entre eux.

Il y a dans ce travail du style [et c'est un travail considérable] un côté qui est l'ordre, l'arrangement, le resserrement, la correction, l'ordonnance, les proportions, l'équilibre, la mise à point de toutes les pièces de cet échiquier qu'on appelle une phrase, une page, un chapitre.

Il y a aussi un autre côté, qui est le mouvement, la création des mots, des images, leur combinaison,ce qui fait l'intensité, l'effet, l'énergie, le coup de lumière,le relief.

Même le côté arrangement, l'art de placer les mots et de combiner les phrases, est encore une création.
La saveur de cette création multiple s'évapore souvent dans une traduction, justement par ce qu'elle constitue l'essence du style ; c'est ce qui faisait dire à Lamotte :

« Un grand nombre de beautés des anciens auteurs sont attachées à des expressions qui sont particulières à leur langue,ou à des rapports qui, ne nous étant pas aussi familiers qu'à eux, ne nous font pas le même plaisir. »

Le souci de la forme doit donc préoccuper avant tout ceux qui ont le goût d'écrire puisqu'elle comprend aussi le fond,et que c'est elle qui fait la valeur d'un texte,d'un ouvrage même d'un exposé oral.
Il existe une tradition ininterrompue d'historiens et d'anciens auteurs qui nous apprend que leur style faisait l'admiration de leur temps. Et c'est justement cette supériorité de forme qui les a immortalisés .
Si leurs vers eussent été mauvais, leurs contemporains ne les auraient pas retenus, et si leur style eût été médiocre,leur œuvre ne nous serait pas parvenue.
Il n'existe pas de chef-d'œuvre sans une forme soignée, et un ouvrage mal écrit ne peut pas vivre, par la raison qu' il n'y en a point de mal fait qui nous soit resté.

Fidèlement vôtre

dimanche 24 octobre 2010

Le Cygne et la Carpe : Elan*amoureux, calinerie** ou autre (s ) circonstance (s ) ?


* Élan : action de se lancer en avant, ici la carpe qui s'est élancée impétueusement hors de l'eau .

D'après vous, pour quelle raison ?

** Câlinerie : échange de tendresses .

Est-ce la réalité de la situation ? Que s'est-il passé exactement ?

Vous les jeunes enfants, pourriez-vous rédiger un petit texte d'une dizaine de lignes dans lequel vous exposeriez à vos amis (es) les circonstances possibles, parmi les plus probables,qui ont conduit à cette scène étrange .

Fidèlement vôtre, Esiobreg .

jeudi 14 octobre 2010

Description: décrire et raconter sont-ils synonymes*? Pas absolument : nous allons le préciser en menant à bien**,en réalisant¤,diverses observations

* synonymes : se dit de mots ou d'expressions de même catégorie grammaticale qui ont un sens identique [la même signification] ou très voisin ; qui ont entre eux une analogie générale de sens avec des nuances particulières à chacun d'eux .

** mener à bien : exécuter, rendre effectif un projet, une décision ; mener à bien une affaire : la faire réussir .

¤ en réalisant,en effectuant ; en exécutant, en accomplissant : réaliser et effectuer regardent l'entendement et ne se disent que de ce qui a été conçu et qu'on transporte du monde de la pensée dans celui des faits ou des objets ; réaliser, c'est donner l'existence à une chose, effectuer , c'est agir pour qu'une chose, un fait ait lieu, arrive, se passe .

Exécuter
et accomplir regardent la volonté, ne se disent que de ce qui a été décidé, par soi ou par autrui, et qu'on traduit en actions ; exécuter convient pour toutes sortes de choses et fait penser aux moyens qu'on emploie pour agir conformément à un programme précis ; accomplir se dit plutôt pour les grandes choses et fait surtout penser à l'œuvre ou à la conduite d'un agent moral qui mène à terme une action en restant fidèle à l'esprit de celui qui l'a décidée .

Décrire, c'est raconter, et la seule différence c'est que, dans le deuxième cas, les détails se succèdent et que, dans le premier, ils sont ensemble .

En d'autres termes, il n'y a pas d'action dans une description, ou, du moins, pas d'action unique ; l'ordre des parties est facultatif ; au contraire, le récit comporte nécessairement une action précise [c'est-à-dire quelque chose qui se passe], et l'ordre des parties n'est pas facultatif : il y a un commencement, un milieu, une fin, avec une progression évidente, comme dans une pièce de théâtre .

Récit d'une exploration géologique par des étudiants dans la Chaîne des Puys .
Description d'une carrière et des différents matériaux exploités .

Récit d'une promenade le long d'un canal fluvial par des touristes .
Description d'une écluse .

Donc ne confondez pas une description et un récit [ on dit aussi narration : exposé écrit et détaillé d'une suite de faits ou d'événements ] .

Dans la première, il ne se passe rien, ou peu s'en faut (presque) ;
Dans le deuxième, il se passe quelque chose .

Dans la première, vous êtes maître de votre plan, et vous ne l'êtes pas dans le deuxième .

Assurément, une narration comporte souvent des passages descriptifs, et une description peut, chemin faisant, admettre une courte narration ; mais, dans l'ensemble, les deux genres sont distincts, il est préférable de ne pas les confondre, à cause du plan et à cause du ton .

Tenons-nous-en , pour le moment, à la description .

La description au sens script, disons, ordinaire .

C'est semble-t-il , l'exercice le plus facile, si l'on a soin de proposer aux jeunes la description de choses vues, ce qui réduit l' invention au minimum, sauf quand l'abondance des idées oblige l'auteur à en supprimer un grand nombre , pour conserver les principales.

L'invention consiste alors à choisir .

Souvent lorsque les idées sont trop nombreuses,et l'invention consiste à choisir les plus importantes.
Surtout,il n'y a pas qu'une seule façon de bien sélectionner, privilégier, traiter un sujet.

Il suffit de bien le comprendre.

Toutes vos idées doivent s'y rapporter ; mais chacun peut en trouver qui ne soient pas celles du voisin ; deux devoirs peuvent être excellents et ne pas se ressembler beaucoup pour le fond [le contenu par rapport à la forme du texte] . Pourtant il faut reconnaître que c'est surtout pour la forme que diffèrent les bons devoirs sur un sujet donné.

Encore beaucoup de gens ne savent-ils pas voir,

Ce qui suppose une observation attentive, éclairée, et la faculté de discerner les choses essentielles de celles qui ne le sont pas
.

À ce point de vue, le plan d'une description a une grande importance. Il faut savoir répartir les détails en quelques groupes nettement séparés, afin de donner à la description toute la clarté désirable.
Pour cela, une vue générale de l'objet, du phénomène à décrire est souvent nécessaire ; on indique ensuite les différents points que l'on traitera , et l'on développe ceux-ci l'un après l'autre. Cette méthode n'est pas particulière à la description ;vous en trouverez l'application au discours, au rapport, à la dissertation, etc. ; mais elle est indispensable, surtout si les développements ont une certaine longueur, car le lecteur risque alors de ne pas se reconnaître au milieu des détails : tel un monument dont on visiterait successivement toutes les parties sans y jeter un coup d'œil d'ensemble.
Le style doit être d'une simplicité absolue et, à moins d'écrire pour un public spécial, on fera bien d'éviter les termes techniques [ou alors bien les expliquer] ; il faut toujours supposer, en pareil cas, qu' on s'adresse à des honnêtes gens, ce mot étant pris dans le sens qu'il avait au XVIIe siècle [gens à culture générale,mais qui ne se piquant de rien], et se surveiller en conséquence. Si vous désirez lire des modèles du genre,ouvrez n'importe quel roman de Théophile Gautier et de Flaubert [malgré l'abondance de termes techniques]; lisez la description d'un atelier du Creusot par Guy de Maupassant [ Au soleil] ; lisez aussi les descriptions alertes et limpides qu'on trouve à chaque page de la Grèce contemporaine [E. About], et tâchez de vous en inspirer!

Il y a encore beaucoup de choses à dire à ce sujet, nous y reviendrons un autre jour .

Toujours fidèlement vôtre , Esiobreg, petite sœur de Gerboise .

mercredi 6 octobre 2010

Sentence* de Confucius**:poésie de Schiller***:est-il possible de schématiser ces concepts graphiquement ?Faites un dessin dans l'espace et le temps .

* sentence : parole, courte maxime, proposition qui renferme une vérité frappante, une moralité ; une décision quelconque .
** Confucius : philosophe chinois, ~ - 555 à ~- 479, dont les enseignements et les idées, recueillis par ses disciples, ont influencé toute la civilisation de la Chine jusqu'à nos jours .
***Schiller : Poète et auteur dramatique allemand, 1759- 1805, il était convaincu que seul l'effort individuel vers le beau et le bien peut amener l'humanité sur la voie du progrès plus efficacement que l'action politique et sociale .

" Le cours du temps se divise en trois parties :

l'avenir, qui arrive lentement ;

le
présent, qui fuit avec la rapidité d'une flèche ;

le passé , qui est inébranlable* .

Nulle impatience ne hâte la marche de l'avenir .

Nulle crainte, nul doute n'arrête la fuite du présent .
Nul repentir, nulle évocation ne fait mouvoir** le passé .


Si tu veux accomplir heureusement le voyage de la vie,

Prends l'avenir pour conseil et non pour l'instrument de ton œuvre ;

Ne fais pas du présent ton ami, ni du passé ton ennemi ."

Schiller

* inébranlable : qui ne peut être ébranlé, c'est- à- dire modifié , affaibli, atteint, transformé, mis en mouvement .
** mouvoir :
faire agir, faire changer, mettre en mouvement, transformer .

Conseil : Après avoir pris connaissance des concepts [idées, notions générales envisagées] présentés ci-dessus par Schiller, il serait très formateur, bénéfique pour accroître, développer, stimuler votre capacité de représentation dans l'espace et surtout dans le temps, que vous réalisiez, construisiez une ébauche schématique[un dessin qui donnera les grandes lignes du texte ], une synthèse qui permette, d'un seul coup d'œil, d' apporter au lecteur une aide pour intégrer immédiatement dans son esprit, l'ensemble du message de l'auteur de cette sentence . Nous vous proposerons un schéma commenté dans un prochain billet .

Fidèlement vôtre, avec tout notre dévouement, Esiobreg , petite sœur de Gerboise .