jeudi 24 mars 2011

Langue française : écueils*, pièges et difficultés .

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Synonymes , Homonymes et Paronymes .

* écueils : obstacles périlleux, causes d'échecs, dangers, pièges, difficultés qui mettent en péril, inconvénients, risques .



Définitions :

Synonymes :

Se dit des mots qui ont la même [identique ] ou à peu près [ très voisine ] la même signification . Ne se dit que de mots qui ont entre eux une analogie générale de sens avec des nuances d' acception particulières à chacun d'eux, ou parfois même qui ont exactement le même sens . On peut parler également d'équivalent, tout mot, toute expression, toute tournure peuvent remplacer un mot, une expression, une tournure, et avoir exactement le même sens et aussi souvent la même valeur esthétique .

Danger et péril ; prisonnier et captif .

Homonymes :

Se dit de mots semblables, exactement, par le son, mais de nature, d'orthographe et de sens tout à fait différents .

Sain , sein, seing (signature) , saint et ceint ( entouré de… , pourvu d'une ceinture) .

Paronymes :

Mots qui offrent une certaine ressemblance de forme et de prononciation, qu'ils aient ou non un rapport étymologique, alors que les homonymes, qui présentent une parfaite similitude de sons, n'ont aucun rapport étymologique . Ce ne sont pas des homonymes, et cependant ils offrent une grande ressemblance de forme écrite et parlée comme nous venons de le préciser ci-dessus ; cependant, ce ne sont pas non plus des synonymes, et cependant il y a souvent entre eux une grande parenté de sens . Les employer l'un pour l'autre est une faute d'une gravité exceptionnelle, une faute double qui porte atteinte à la forme et au fond .

-Amener et emmener : on amène vers soi ; on emmène hors de chez soi .
-Conjecture et conjoncture : on se livre à des conjectures ; une heureuse conjoncture peut faire qu'un projet se réalise .
-Émersion et immersion : le nageur plongea ; entre son immersion et son émersion il s'écoula plus d'une minute .
-Éruptions et irruption : un volcan fait éruption ( éclater au dehors ; sortie brutale de ce qui était renfermé ; éruption de boutons sur la peau) . Les enfants firent irruption bruyamment ( entrée soudaine et imprévue d'un être dans un lieu ) dans la maison .
-Plier et ployer : on plie une feuille de papier ; une branche ploie (fléchir, courber) sous le poids des fruits .


Amande et amende sont des homonymes ; émerger et immerger, des paronymes .


Il ne faut pas confondre homonymes et synonymes .

Les synonymes sont des mots qui, sous des formes graphiques et phonétiques tout à fait différentes, offrent un sens à peu près identique ; tels sont bravoure et courage, anxiété et l'angoisse, splendide et magnifique .

Leur étude n'offre donc aucun intérêt au point de vue de l'orthographe . Par ailleurs, il faut s'en défier . Un européen à qui une conversation surprise dans un " bistro ! " lui avait fait comprendre que les mots juste et équitable étaient équivalents, c'est-à-dire synonymes, mit un jour des chaussures neuves qui lui faisaient mal . Sur-le-champ, il se rendit chez son cordonnier et lui dit : « ces chaussures que vous m' avez faites sont beaucoup trop équitables ! »

Les homonymes étant, au contraire, des groupes de mots qui, identiques ou à peu près pour l'oreille, diffèrent complètement par le sens, et presque toujours par l'orthographe, ce sont des pièges où se laissent prendre les débutants dans la vie scolaire et même parfois plus tard, des adultes .

Fidèlement vôtre, Esiobreg .

mardi 8 mars 2011

La sincérité*, cette disposition à reconnaître et à dire la vérité sans chercher à se tromper soi-même ni à tromper les autres ...

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* sincérité : Qualité de celui ou celle qui dit la pure vérité, qui ne cherche pas à tromper, qui parle ou qui est sans artifice, sans déguisement .

" La sincérité est une ouverture de coeur qui nous montre tels que nous sommes ; c'est un amour de la vérité, une répugnance à se déguiser, un désir de se dédommager de ces défauts et de les diminuer même par le mérite de les avouer " . La Rochefoucauld

" Il est bien adroit d'être sincère : en avouant ses fautes, on se donne un mérite qui les rachète, une bonne grâce qui les fait tolérer, comme, en avouant ses torts, on s'inflige une humiliation peu sensible qui expie la faute, honore le coupable et flatte l'offensé " Sully Prud'homme



Préambule de ce merveilleux ouvrage de Elsa Godart publié aux éditions Larousse en 2008 [ 17 euros] : La Sincérité, ce que l'on dit, ce que l'on est , que " Gerboise " et " Esiobreg ", sa petite soeur vous recommandent, toutes les deux, de lire et d'approfondir . Cette sorte d'avant-propos de l'auteur : ce préambule [ est ce qui se dit ou s'écrit avant de commencer quelque chose ] , est d'une richesse d'idées extraordinaire ; il est exprimé dans un français exemplaire dont vous pourrez vous imprégner .

Voici ce texte :

"" « Pour être sincère, il faut cesser de l'être » . Cette affirmation du philosophe Vladimir Jankélévitch annonce d'emblée ce qu'est la sincérité : un paradoxe ( proposition contraire à l'opinion commune , couramment admise et qui choque les idées reçues) .

Nous portons tous en nous une exigence de sincérité sans toutefois parvenir à la réaliser . La question de la sincérité se pose dans nombre domaines : dans nos relations avec les autres et avec nous-mêmes, dans notre usage du langage ; elle soulève un problème de morale, elle engage notre volonté et elle détermine notre rapport avec le mensonge .

Suis-je sincère ?
Comment l'être ?
Faut-il l'être ?

Autant d'interrogations que nous nous sommes déjà faites et auxquelles il n'est pas facile de répondre . C'est en cela que le thème de la sincérité intrigue et intéresse .

Il me semble que notre époque se trouve confrontée à des bouleversements éthiques et existentiels sans précédent . Par exemple, il est communément admis que les valeurs familiales, morales et religieuses tendent à se disloquer ou, du moins, se transforment fortement .

Je constate que ces changement de repères ont, entre autres, aux conséquences le fait que les psys (psychologues) n'ont jamais été autant consultés : cela révèle notre difficulté à être sincère envers nous-mêmes et envers les autres, manifeste notre besoin vital d'être sincère et, surtout, indique combien la sincérité ne va pas de soi . C'est parce qu'être sincère n'a rien d'évident qu' il est à ce point intéressant de s'interroger aujourd'hui sur la valeur de la sincérité : en perçant son mystère, peut-être parviendrons-nous à résoudre une partie de nos problèmes existentiels .


N'avez-vous jamais fait ce constat paradoxal propre à notre monde contemporain où tout est en mouvement : alors que les moyens de transports permettent de se déplacer et de se rapprocher de plus en plus vite, que les outils de communication [ Internet, le téléphone portable, la télévision par satellite, etc. ] divise le temps et abolissent les distances, j'ai l'impression que nous nous éloignons de plus en plus les uns des autres : indifférents que nous sommes devenus aux autres, nous nous sentons aussi de plus en plus seuls .

J'observe que notre société en modifiant peu à peu ses valeurs les plus essentielles a surtout perdu du sens . N'arrivant plus à générer du lien avec les autres, isolés, égarés, nous voilà rendus incapable de sincérité .

Ce phénomène s'accompagne d'un profond sentiment de frustration engendrée par la complexité à être soi-même, d'une réelle difficulté à être reconnu, à s'imposer dans le monde et à se faire entendre . Preuve en est l'explosion des ventes d'ouvrages sur le bien-être et le développement personnel . Le besoin de prendre soin de soi est réel et il oblige à se poser la question de savoir qui l'on est et, bien plus, de pouvoir le dire .

Car, s'il est certain que l'on a trouvé des moyens efficaces pour parvenir à dire, en revanche, une incapacité majeure persiste : notre impuissance à se dire . Et c'est là peut-être le nouveau défi aujourd'hui : arriver à lever le voile opaque et insincères de l'être .

En ce sens, percer l'énigme du se dire, c'est déterminer en quoi cela correspond à un besoin propre de notre temps essaie ainsi poser, en toute sincérité si j'ose dire, précisément la question de la sincérité .

Plus que jamais, l'Occident semble porter en lui le souci de la sincérité, parce que notre époque est malade du dire . Il semblerait que l'individualisme qui caractérise notre société occidentale atteint ses limites quand il est finalement un si grand obstacle à ce que l'individu se sente reconnu par les autres .

Dans nos relations sociales, nous nous retenons d'exprimer nos véritables émotions, non ressenties et, souvent, de dire ce que l'on pense vraiment . Ce défaut de sincérité s'avère nuisible, car à force de jouer un rôle, l'individu fini par ne plus savoir qui il est, il ne se reconnaît plus . Or l'absence de sincérité devient source de troubles : nombre de souffrances psychiques sont causées par la difficulté de se dire, de se raconter ou de parler de soi . Aussi,n' est-il pas étonnant d'observer la vogue des différentes psychothérapies auxquelles on a de plus en plus recours . Par exemple, avec la psychanalyse, thérapie qui naît au début du XXe siècle et qui repose essentiellement sur la parole, c'est donc désormais par le langage que passe la libération de certaines névroses et des douleurs à vivre le psychanalyste français Jacques Lacan définit l'homme comme un «parlêtre », et soutient même que « l'inconscient est structuré comme un langage », ainsi, tout en l'homme semble pouvoir se réduire au langage .

Toutefois, le besoin de sincérité ne se fait pas sentir seulement au niveau psychologique ou relationnel, son importance est primordiale en ce qui concerne également nos valeurs - tant humaines que sociétales . En effet, la sincérité étant avant tout une véritable force d'âme, « elle est, comme la vertu du commencement, vertu majeure » : on ne saurait s'en passer . Il est nécessaire à tout être humain d'atteindre ou au moins de tendre à une vérité qui lui soit propre : la sienne . Comme le recommande Socrate en contemplant le temple d'Apollon à Delphes : « connais-toi toi-même » . Maxime qui confirme combien la quête de soi doit être le dessein d'une vie, et qu'on ne peut pas s'y dérober . Pourtant cette recherche, cette quête vertueuse, semble faire défaut aujourd'hui .
Plus que jamais, la question de la sincérité est d'actualité .

Mais qu'entend-on par sincérité ? La sincérité se comprend de multiples façons et recouvre plusieurs sens . Le terme est souvent employé à tort et à travers mais toujours étroitement lié avec le dire : la sincérité est le fait de dire avec franchise et en toute bonne foi ; dire avec sincérité attribue une qualité morale à la personne qui dit ; la sincérité implique aussi le fait d'être disposé à faire connaître ce que l'on pense et ce que l'on ressent, à dire et à reconnaître la vérité .

Et la sincérité est-elle synonyme de vérité ? Et est-ce à dire qu'elle est l'opposé du mensonge ?

Pour Vladimir Jankélévitch, il y a « trois sortes de sincérité :

-L'accord de la pensée du propos [ou de la pensée et de l'acte] ,
-l'accord de l'acte et du propos,
-l'accord de la pensée avec soi »

Ainsi y aurait-il trois manières d'être sincère :

- Par la conformité de la parole et de la pensée ;
- par la conformité de la parole et de l'action ;
- et par la fidélité à soi-même .

C'est dire que la sincérité est essentiellement cette vertu qui tente de percer le mystère de soi .
En essayant de comprendre ce qu'est la sincérité, on expérimente donc ce qu'il y a de plus soi en soi .

Voilà pourquoi, après plusieurs années d'études sur ce sujet, je souhaite partager avec vous, à travers cet ouvrage, mes recherches . Selon moi, la sincérité mérite sa place de pilier de la pensée philosophique . Parce que la sincérité, ainsi que je l'ai esquissée, n'est autre que la voie de la connaissance de soi : s'appliquer à être sincère,

c'est chercher à savoir qui l'on est .

La philosophie emprunte le même chemin puisqu'elle ambitionne, elle aussi, d'accéder à cette connaissance de nous-même et du monde . C'est dans ce sens que l'on peut d'ores et déjà lier philosophie et sincérité .

Mais une réflexion sur la sincérité va bien plus loin encore .


Car si la sincérité est à associer à la connaissance de soi, alors on va très vite aborder une autre question, ô combien essentielle ! : Celle de notre bonheur .

En effet, est-il possible de prétendre à une quelconque forme de bonheur quand on ignore qui l'on est et ce que l'on veut véritablement ? Tenter de répondre à cette question suppose de chercher à être sincère et donc de se connaître ; c'est, d'une certaine manière, dessiner une image de son bonheur . Il est certain que si je ne connaissais pas, je ne peux prétendre à cet équilibre de vie nécessaire à mon bien-être .


Dès lors, la sincérité, ce n'est pas seulement le fait de dire des paroles justes ou encore d'être franc, ce n'est pas non plus uniquement le fait d'adopter une attitude morale .


La sincérité « se fout de la morale » , tout comme le menteur peut être sincère [un paradoxe de plus !) . La sincérité engage ce que nous sommes et notre vie bien plus qu'on ne saurait l' imaginer d'emblée .


Ce livre a pour ambition de faire découvrir ce qu'est la sincérité dans toute la profondeur et la complexité qui la caractérise . Pour ce faire, j'alternerai passages didactiques et réflexions plus légères, car le paradoxe de la sincérité est d'être tout à la fois au centre de notre quotidien ainsi qu'au coeur d'une pensée théorique . Avec cette démarche, j'espère engager avec vous un véritable échange de pensées , et ce dans la perspective de philosopher ensemble la sincérité .


Dans la première partie de cet ouvrage, j'ai imaginé de mettre en scène un dialogue fictif entre différents philosophes qui ont réfléchi sur le sujet . De la sorte nous serons, au fil des répliques qui sont, souvent, des citations extraites de leurs oeuvres, nourris par les propos riches et divers des auteurs convoqués et en même temps, plongés dans un contexte que je souhaite divertissant .


J'ai inscrit cette confrontation de pensées dans une situation très académique, celle d'une soutenance de thèse . L'intérêt d'une telle mise en scène sera d'identifier différents niveaux de sincérité : tant à propos du contenu des discussions qu'au regard du contexte .




La deuxième partie proposera neuf pistes de réflexion sur la question de la sincérité . Afin d'en éclairer le sens, j'ai ainsi d'abord interrogé le rapport de la sincérité avec des termes proches tels que ceux de véracité, de franchise, de simplicité, de pureté ou à l'inverse d'insincérité et de mensonge… Suivront des analyses qui nous permettront, en les confrontant, d'appréhender concrètement la sincérité dans l'art ou encore la sincérité en politique . Ici, nous verrons comment une philosophie de la sincérité est aussi une pensée de nos rapports à l'art et au politique .

Notre parcours s'achèvera sur un récit auquel je tiens particulièrement : histoire de l'Etre- sincère qui est celle d'un monde différent, celui de l'en- deçà ( rester en deçà de... :ne pas l'atteindre) - le monde métaphysique (ce terme vaste et polysémique, avec de nombreux sens, désigne d'une manière générale la science de « l' être en tant qu' être , mais aussi ce qui dépasse le domaine de l'expérience ou du visible . Là encore, ce mot a eu de nombreuses définitions selon les époques et les courants de pensée) . J'ai créé le terme d'Etre sincère afin de montrer à quel point la sincérité peut s'avérer fondamentale, tant dans le domaine de la pensée philosophique que dans notre vie quotidienne .

Dans cet ouvrage, j'ai choisi de poser aussi bien les questions les plus concrètes que les plus abstraites au sujet de la sincérité .


J'ai tenté de réaliser un véritable parcours initiatique au terme duquel, je l'espère, la sincérité sera comprise avant tout comme un lien . Un lien entre soi et soi-même, et aussi un lien entre soi et les autres . C'est pour cela qu'il est nécessaire de philosopher la sincérité . Parce qu'elle est un moyen de redonner du sens à nos relations avec les autres . Parce qu'il me semble urgent de combler, se ressent ( ressentir) au coeur des débats politiques, où tout ne serait que mensonge et insécurité ; au coeur des relations sociales, où tout ne serait que masque et représentation ; au coeur des relations affectives, la famille étant le premier lieu des non-dits ; au coeur de soi, que l'on fuirait par crainte de ne plus arriver à se reconnaître ... Il est temps désormais de plonger en soi-même et de partir à la rencontre de la sincérité car, comme l'écrit Jean-Jacques Rousseau dans Mon portrait : " Il ne faut pas corriger les hommes de parler sincèrement d'eux-mêmes ""



[ voir également les réflexions de Montaigne dans l'ensemble de ces " Essais " : Conseils au Lecteur ... ] .

Bonne lecture .

Fidèlement vôtre, Esiobreg .

vendredi 4 mars 2011

Le courage*: manifestation dans l'action d'une disposition de l'esprit opposée à la crainte;fermeté dans la volonté de réaliser,de faire quelque chose

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* COURAGE : Force d' âme de celui qui affronte le danger sans crainte ou supporte la souffrance sans se plaindre .

" Le courage même consiste à différer ( éloigner) la violence, ce qui est la conduire, et non s'y livrer " . Alain, Propos

" Il faut commencer par le commencement .
Et le commencement de tout est le courage . "

Vladimir Jankélévitch (Philosophe français, 1903-1985)


Prendre son courage à deux mains : faire un effort pour vaincre une résistance, des hésitations

Courage : vertu de l'âme [de l'esprit] qui fait affronter tous les chagrins de la vie, tous les périls, auxquels on peut être exposé .

Courage : attitude positive devant un obstacle, une action, une décision pour entreprendre .

S'armer de courage, cette force morale devant l'adversité (sort, effet contraire, généralement néfaste) , la souffrance des autres ,de soi-même .

Le courage, la volonté de dire, d'écrire, de faire quelque chose .

Le courage implique une grande fermeté devant un danger ou dans des situations difficiles d'un point de vue moral ou physique ; c'est également la fermeté qui fait supporter ou braver les périls, les souffrances, les revers, les aléas de la vie .


C'est l'ardeur, l'énergie dans une initiative, une entreprise, un projet, une tentative, une aventure ...

C'est aussi :

- le courage de pouvoir réaliser ce qui est difficile , de ne pas avoir peur, de ne pas s'énerver et garder son calme en toutes circonstances, d' être capable de s'organiser, de se contrôler dans des conditions difficiles et dangereuses ;

- Le courage de résister, le courage d'affronter la peur … les dangers de toute nature ...

- Le courage de foncer ;

- Le courage d'apprendre et de travailler ;

- Le courage de savoir faire, de dire oui ou non, franchement, et de pouvoir dire : je ne sais pas … ;

- Le courage de faire attention, dans mes lectures, dans mes occupations, dans des excès, dans mes envies … ;

- Le courage de pardonner, de défendre les autres, de me défendre, de dire pardon, d'affronter toutes les réalités de la vie … ;

- Le courage de savoir dire non ! Définitivement... ou, après réflexion et informations nouvelles, être capable de changer d'avis .

- Le courage de rester seul, de regarder les choses en face … ;

- Le courage de ne pas être sûr, de douter … ;

- Le courage d'aider les autres … ;

- Le courage de garder un secret, de n'avoir peur de rien ;

- Le courage de voir les choses en face ;

- Le courage de se confier à ses parents, de parler de ses mauvaises notes, de parler de ses problèmes, de ses mauvaises habitudes … ;

- Le courage d'oser … ;

- Le courage de s'interposer quand ... cela est nécessaire ;

- Le courage d'assumer… ;

- Le courage de chercher … ;

- Le courage de ne pas " perdre courage ", de persévérer, de surmonter les tracas quotidiens, de résister à l'ennui, à l'abandon … ;

Il y a des moments dans la vie où il est nécessaire d'avoir le courage d'être capable de "répondre ( se porter garant de ...) de son courage " même quand on n'a jamais été dans le péril …

Dans la vie quotidienne un grand nombre de situations , non misent à la " une " des médias, exigent toutes sortes de formes contemporaines subtiles de prises de risque et de courage .

Le courage d' endurer ( supporter avec patience,obstination, subir lorsque cela est nécessaire) , qui n'est pas un but en soi, qui est l'énergie que l'on peut assurer,dégager, que l'on peut libérer pour " être soi-même ", pour assumer, c'est-à-dire " prendre la responsabilité de … " , " à prendre sur soi " ; où que si l'on peut refuser de prendre en charge … !



Voici un texte de Pierre Michel Klein, professeur agrégé de philosophie concernant le courage .


"" Le courage est la vertu du commencement, nous dit Jankélévitch (Vladimir, philosophe français, 1903-1985) .

Quel commencement ?

Il ne faut pas de courage pour naître, ni pour être . Il en faut pourtant, parfois, pour continuer d'être, ou pour cesser d'être .

Mourir, nous n'y pouvons rien ! Peut-être y pouvons-nous malgré tout quelque chose, faire face, ou bien garder la face sans se laisser envahir au moment d'être anéanti . Le courage, vertu inaugurale : ce qu'il faut faire ne va pas de soi (aller de soi : être évident, se voir comme le nez au milieu de la figure) , mais provient de nous-mêmes, nous instaurons cela, quand sans notre intervention les choses n'iraient que par la « force des choses » ( le cours des événements, considéré comme une causalité inéluctable, inévitable) .

Or commencer - commencer de lutter, commencer de résister - non seulement ne va pas de soi, mais peut aller aussi contre soi-même, malgré soi . Malgré la peur, malgré l'inertie, malgré ce qui en nous permet et pousse aux douces lâchetés (peurs, bassesses,faiblesses) , aux serviles abandons . Sans doute ce qui se nomme « lâcheté » nous propose-t-il de ne rien commencer quand il faudrait commencer quelque chose, ou bien de suivre ses propres pesanteurs en un gras laisser-aller de soi-même en soi-même, en dépit de tout, comme aspiré par sa propre nuit . Le courage alors s'imposerait malgré cela, malgré le désir peut-être, ou bien malgré l'obéissance, en une subversion dressée contre les submersions ou la mort sait respirer .


On le sait, le commencement courageux ne manque pas de mobiles de s'abandonner .

Commencement, donc ; et contre l'ordre des choses . Et malgré tout ce qui en nous tend à rejoindre cet ordre ; malgré nous-même .

« Commencer malgré » :

Voici une double et indissociable détermination du courage qu'il faudra suivre le long des pages, parmi la diversité de ses modalités et de ses figures concrètes . Face au hasard qui peut sembler nous faire, aux accidents qui nous bouleversent .

Face à notre propre corps et à son ordre, l'ordre des choses qu'impose la maladie, sa grave chronométrie , jour après jour . Là aussi, peut-être, commencer quelque chose, ne pas s'abandonner, trouver en soi de quoi intervenir au sein d'un soi-même devenu apparemment impossible, quand se mettent à y loger d'étranges ennemis . Face à l'ordre barbare qui réglait l'industrie de l'horreur nazie .

Et face à la mort . La mort elle-même, face à son ordre implacable, quel acte ? Une manière ? Un style ? Ou bien peut-être aussi quelque chose à dire, encore, quand on a seulement envie de crier .


Le courage, donc, intervient et s'oppose : à un problème, un danger, un péril…

C'est graduation du risque confère sans doute davantage qu'une simple intensité au courage, car de la nature exacte de cette chose qu'il faut surmonter naît la qualité propre du courage : ce qu'il est, son contenu, son sens .

Car il faut bien se demander s'il suffit de lutter contre un contraire, quel qu'il soit, pour affirmer qu' il y a là une sorte de courage .

La lutte est une chose, son sens en est une autre .

Là peut-être pourrait-on éclairer, par exemple, la persistante question où il est demandé de décider entre le courage morbide du suicidaire qui se détruit, et le courage qui l'appellerait à ne pas se détruire . Courage malgré la pulsion de vie, courage malgré la pulsion de mort :

Doit-on exclure de la compréhension de la notion de courage l'idée qui l' inspire, la puissance qui l' invite, le monde qui s'y porte ?

Ce point de vue -du sens, de l'idée - permettrait au moins de donner une raison de ne pas estimer que ferait preuve d' « un certain courage » la brute qui irait jusqu'au bout de son intention de " salaud " .

Mais dans le courage, il n'y a pas seulement un objectif à atteindre .

Il y a aussi un sujet qui cherche en lui de quoi l'atteindre, et qui le trouve, ou ne le trouve pas . Car le courage participe - t- il d'une sorte de « don » ? d'un caractère, d'une détermination subjective ? Il faudra chercher à repérer, parmi les témoignages et les réflexions qui suivent, comment se décide un homme, qui jusque-là se serait pensé « trouillard », ou brave, et qui révélerait un stupéfiant courage, ou une lâcheté inattendue au moment de l'événement .

Quelle empreinte, quelle trace subjective suit- il alors en lui-même, quelle lumière éclaira donc les premiers pas du premier aveugle ?

Car le « malgré tout » qui fait le courage se profile sur un horizon chargé de bien des découragements possibles, liés à l'obstacle, bien sûr, mais aussi à ce mystérieux « soi » qui peut aider ou empêcher et qui n'est pas à lui seul tout à fait digne de confiance . Ne faut-il pas savoir rompre avec sa nature, ne pas s'acharner forcément à poursuivre un penchant - serait-ce un penchant au courage - sans se demander si faire montre de profondeur n'est pas parfois une manière de s'enfoncer ?

Et l'on devra comprendre où peut bien se situer ce qu'on nomme la « lâcheté », entre le découragement, vers lequel un étrange vertige nous attire, et le complice laisser-aller qu'il nous arrive de prendre pour du courage, et qui nous aide seulement à nous y pousser .


Mais le courage ne s'accomplit pas seulement dans le face-à-face, avec soi-même ou contre un ordre .

Il lui faut aussi compter avec le temps . Une décision n'est pas facile à prendre, on hésite, on peut s'engluer dans les raisons de ne rien faire, mobiliser toutes les ressources de sa mauvaise foi afin de permettre l'abandon .

On s'enfonce en soi-même de toute son épaisseur et puis, parfois, la décision héroïque surgit quand même, et voilà : on se voit face à ce qu'une sombre facilité aurait pu éviter, une différence, un sommeil… et non . Les yeux ont décidé de s'ouvrir, il faut désormais persister . Il y a eu le courage de l'instant même, mais il faut maintenant durer, jour après jour, matin après matin, et endurer les nuits . Il y a l'héroïsme de l'éclat, à la force duquel les colonnes s'écroulent, et celui du tunnel poursuivi sans fin, l'un et l'autre aveugles et en vue d'évasion .

Comment vaincre l'irrésistible ?

Comment endurer l'impossible ?

Et pourquoi ? quelle raison, quel idéal, quelle responsabilité, quel regard nous lient donc aux secondes qui viennent ?

Et qui crée notre avenir à partir de rien ?

Cela, il faudra le lire et l'écouter, et le demander à ceux qui ont su s'inventer, ou vivre l'enfer, ou survivre à l'indicible .


Dans la persévérance elle-même, ou bien dans le temps d'assumer la décision courageuse, peut-être prononçons-nous en nous-même : « si j'avais su… » . Et que savions-nous alors ? Quelle ignorance, quelles désillusions sont donc les nôtres au moment de nous précipiter ? Au fond, nous nous demandons parfois si nous avons raison, ou si nous sommes vraiment lucides . Comment nous débrouiller dans cela ? Quel exact degré de clarté doit donc accompagner une décision ? Ne faut-il pas un peu d'une certaine illusion pour mobiliser un effort ? Ces questions portent sur la « conscience » courageuse, et sur l'inconscience aussi .

La sagesse antique répugnait à l'idée qu'on puisse se donner du courage avec un peu d'eau -de -vie . Et l'alcool n'est pas la seule puissance à nous préserver de la défaillance . Il suffit d'être « imbu » de nous-même, ivre d'amour pour notre image ; ou bien imbibé du torrent de mythes plus ou moins fascinants dont s'inondent les pensées courantes .

Plus tard parfois, bien plus tard, on peut se demander ce qui nous a pris de nous mettre ainsi dans de sales draps et l'on se dit : « si j'avais su… » .

Donnons deux suites à cette formule : «… je l'aurais fait quand même » ; fidèle à un acte, nous refusons aux raisons le dernier mot - d'ailleurs, cette lucidité rétrospective a-t-elle vraiment, avec le courage, quelque chose à voir ? - «… je ne l'aurais pas fait » ; nous prendrions alors conscience de ce que notre courage était halluciné, au moment décisif, et nous serions tombé comme un somnambule du haut d'un toit . Le sommeil et l'ivresse nous préservent un peu de la peur, nom de la chute .

Or le courage ne suppose-t-il pas une claire conscience de la peur elle-même, et par là du risque exact et du danger ? Quelle est la juste part de la conscience et de l'inconscience dans le courage ?

Mais si le courage conserve son mystère, c'est qu'on peut penser que ces questions n'en épuisent pas le fond : alors ce que l'on « sait » ou ce que l'on ne «sait » pas importe peu, puisqu'il s'agit premièrement de « faire » quelque chose .

Le fait du courage appelle à d' inépuisables interprétations, dès qu'on s'engage à tenter de lever cette seule difficulté : peut-on à la fois prendre conscience de toutes les bonnes raisons d'agir ou de ne pas agir ? Probablement ; mais alors,

la lucidité ne serait que le témoin impuissant de notre lâcheté .

Ou bien, avoir raison d'agir serait si contradictoire avec ne rien faire qu'une telle lâcheté n'indiquerait, au fond, que des « raisons » dont nous n'aurions pas pleinement conscience…

En tout cas, une sorte d'idéal se pose en nous comme un motif qui nous guide ; et notre plus ou moins nette lucidité porterait aussi sur l'appréciation - parfois bien hasardeuse - de la valeur de ce motif : car vaut-il pour lui-même, et pas seulement pour nous, que nous en payions le prix ? S' il vaut suprêmement, soyons prêts au sacrifice suprême . Et s'il ne vaut rien ou pas grand-chose ?

Notre acte n'aurait-il de valeur que par le seul courage qu'il y aurait à l'accomplir ?

Là commence le courage pur et simple, indépendant de la valeur de l'idéal, le courage irrationnel, libre, de cette seule liberté d'où surgit l'acte gratuit . L'aventure permet ce genre de courage, auquel se risquent les risque-tout . Mais attention : cette belle indépendance vis-à-vis de la valeur de l'idéal ouvre aussi aux courages destructeurs, dévastateurs . Et le courage pur ne ferait que dissimuler sous sa belle apparence le courage brut .

Le courage est lié à l'idéal, mais quelle peut être au juste la teneur de ce lien ? Ou bien le courage crée-t-il de la valeur par son effectivité même ? On voit que l'on peut vite se laisser captiver par l'esthétique du courage, ébloui au point parfois d'oublier que le beau n'est pas le bien . Mais aussi, qu'ajoute au bien que l'on fait, le fait de le faire « avec courage » ? ""

Ce texte de Pierre-Michel Klein est parfois ardu, nous en sommes conscient ; vous pouvez poser des questions à vos parents ou les rédiger dans la rubrique " commentaires " qui suit chaque billet .

Courage, tenez bon !

Fidèlement vôtre, Esiobreg .