samedi 30 octobre 2010

Ecrire, est-ce uniquement, former des lettres, des caractères,la manière d'exprimer sa pensée ? « Avant donc que d'écrire, apprenez à penser » Boileau

«Bien écrire, c'est à la fois bien penser,bien sentir et bien rendre ( ses impressions intérieures à son entendement) : c'est avoir en même temps de l'esprit, de l'âme et du goût» . Buffon

« Celui-là seul sait écrire qui écrit d'une telle sorte qu'une fois la chose faite, on n'y peut changer un mot». Victor Hugo

L'ambition excessive, au plus haut point, folle (dans ce cas ce mot est un adverbe d'intensité : [ travailler, rire comme un fou] , considérable ; l'excès de l'énergie déployée justifie la comparaison ; désespérée : ou parfois dans des conditions difficiles… !) de l'institution scolaire ,c'est d'apprendre aux enfants à lire, mais surtout écrire et compter.

Est-il possible que tous les enfants sachent lire ?

Il n'existe pas d'à priori négatif, et un tel projet est raisonnable.

Cependant, que tous puissent écrire selon le sens que l'on donne à cet apprentissage, à cette possibilité, à cette constatation, ne relève pas du même défi (obstacle à surmonter ) . On peut se rendre compte que leurs capacités de lecteurs sont variables surtout si on vérifie la capacité de comprendre en fonction du contexte. Piètres (très médiocres) sont celles, sauf exceptions, des auteurs d'écrits, même de textes courts et assez banals, même de textes techniques relevant du domaine de compétence.

Savoir écrire est à plusieurs sens. Connaître les lettres (savoir les déchiffrer) de l'alphabet, écrire avec leur orthographe les mots courants, pouvoir écrire sous dictée, pouvoir rédiger un texte simple sur un sujet donné, pouvoir rédiger un texte long, maîtriser l'écriture d'une ou plusieurs disciplines, avoir du style (voir le billet du 25 octobre) ,publier (préparer un texte qui devra être lu, apprécié des autres ) des textes, ne relèvent pas de la même expertise (capacité de réalisation). il sera nécessaire d'en tenir compte dans les nombreux contextes que nous aborderons, puis traiterons.

Il sera nécessaire de tenir compte de toutes ces considérations.

Qu'une langue qui s'écrive, puisse la transformer radicalement, c'est certain , non moins (autant que) que se transforment la culture, la vie même, de qui accède à l'écriture.

L'écriture, c'est un travail, un difficile travail :

Depuis le petit enfant qui tire la langue en bouclant ses l et ses n, au chercheur rédigeant un article ou à l' écrivain terminant un chapitre, il y a un immense continuum (ensemble d'éléments homogènes) de texte s'élaborant dans le désir de la tâche à mener à bien.

Depuis l'activité du scribe égyptien traçant des hiéroglyphes sur des feuilles de papyrus, du scribe médiéval écrivant sur du parchemin, jusqu'à la saisie de texte sur Internet comme je suis en train de le faire (on ne tient plus un porte-plume et même maintenant, avec certains logiciels ,on peut dicter tout simplement ce que l'on désire écrire), on trouve tous les Savoirs, toutes les Sciences s'élaborant au long de notre histoire culturelle. Sur ces routes cheminent, à leur place, nos populations d'élèves : en peinant! plutôt qu'en entrant dans l'illusoire « plaisir d'écrire »,ce qui est regrettable, que chantent parfois les pédagogues ;elles partent de rien, pour aller « le plus loin possible », comme le disent souvent les parents. Nous interrogerons ce trajet,cet espace à parcourir.

Tracer des lettres, écrire des mots : c'est aller du dessin à l'écriture :n'est-ce pas ?

C'est en considérant les écritures qui nous sont étrangères qu'on perçoit ce qu' est aussi la nôtre pour qui ne la connaît pas :une épaisse forêt de signes graphiques qu'il faut apprendre à décrypter (restituer, reconstituer le sens d'un texte obscur …) , à reproduire, à automatiser. C'est un savoir proprement graphique qui est mis en œuvre dès la moyenne section de maternelle, geste après geste :

C'est du dessin que va naître l'écriture.oui

Dès 18- 20 mois, l'enfant produit spontanément des gribouillages (écriture mal formée, peu lisible, confuse) ;

Vers 2 ans et demie , l'œil de l'enfant commence à pouvoir guider sa main, au lieu de la suivre : les trait se différencient (devenir différent, de plus en plus différent ) et s' affinent [boucles, zigzags…] mais restent produits pour eux-mêmes .
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C'est vers 4 ans que se produit le "renversement fondamental " : l'enfant vise à reproduire des objets du monde [« dessine-moi un mouton… »] ; C'est la sortie du seul dessin spontané et l'accès à la copie. La reproduction de lettres est une copie particulière[imitation] qui appelle la maîtrise des formes géométriques de base : cercle, carré, triangle, losanges - ce qui sera en place vers 5-6 ans.

Pouvoir écrire suppose aussi la prise manuelle efficace du crayon, afin que ce soient les mouvements des doigts et du poignet qui assurent l'écriture.

Long et patient travail des maîtresses de maternelle:

Le stylo est d'abord attrapé à pleines main.

Pouvoir écrire suppose enfin l'accès à l'enchaînement graphique (lettres attachées) et à la vitesse de formation des lettres, des mots et des phrases :

Enchaîner des lettres pour écrire des mots.

Accélérer pour écrire des phrases, puis des textes.

L'augmentation de la vitesse d'écriture est nette entre 7 et 9 ans, puis stagne jusque vers 13 ans ; elle augmente alors pour atteindre une vitesse moyenne de deux lettres par seconde.

Ainsi "s'installent " dans notre cerveau les modèles graphiques fondamentaux sans lesquels nous ne pourrions rien écrire ; il constituent un stock propre,construit pour l'essentiel entre 5 et 7 ans . Ce sont, pour chaque lettre et suite de lettres, des images mentales très abstraites dont nous n'avons aucune conscience (aucun souvenir) , mais que le petit enfant installe au fil de centaines et de centaines de tracés graphiques faits et refaits, «reparcourus».

Ainsi pouvons-nous appréhender l'un des aspects de la « patience » de l'écriture :

Entrer dans l'écriture
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C'est entrer dans un travail de longues années de lettrisme (activité d'écriture) . Ainsi apercevons-nous combien l'écriture est de l'ordre du matériel : la lettre est un cas particulier de trace, qui nécessite un support, un outil, la maîtrise progressive d'un espace plan ou courbe ; une lettre s'inscrit sur une page, avec un crayon ou un stylo, dans un temps donné.

Écrire, c'est très matériel, cela se voit, se donne à voir même : il y a une relation entre lettres et arts graphique ;c'est très manuel : faut y être habile. C'est toujours d'abord une copie : et ne copie pas qui veut, encore faut-il apprendre.

Tandis que la lecture place le très jeune enfant au contact direct du temps des livres, du sens et des histoires [« lis-moi encore !»], l'écriture demeure un lieu : très longtemps celui du «papier- crayon», des gribouillages, puis de la copie de lettres… Un lieu assez aride…

( à suivre)

Fidèlement vôtre . Esiobreg , petite sœur de Gerboise . Vous pouvez rejoindre cette dernière en cliquant sur l'image de Gerboise dans la partie haute de la colonne de gauche, puis revenir sur le site d'Esiobreg en cliquant sur son image dans cette même colonne.

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