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*Le style : dans le langage, aspect remarquable de l'expression par le langage écrit [plus rarement oral]; manière de s'exprimer particulière à chaque individu, d'écrire, présentant des qualités particulières, littéraires . Et comme le disait Boileau :
« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément».
« Presque toujours, les choses qu'on dit frappent moins que la manière dont on les dit ,car les hommes ont tous à peu près les mêmes idées de ce qui est à la portée de tout le monde. L'expression, le style fait presque toute la différence. Le style rend singulières les choses les plus communes, fortifie les plus faciles, donne de la grandeur aux plus simples. Sans le style, il est impossible qu'il y ait un seul bon ouvrage en aucun genre d'éloquence et de poésie». Voltaire.
Ensemble des caractéristiques des œuvres d'art d'une même époque: par exemple le style gothique.
Dans le comportement ,manière personnelle d'agir, de se comporter, de pratiquer une activité, un sport… Manière d'être ; style de vie, d'action ...
« Le style résulte d'une sensibilité spéciale à l'égard du langage. Cela ne s'acquiert pas ; mais cela se développe » Paul Valéry .
** le fond, ce sont les matériaux, les pensées, la substance, le sujet… Ce qu'il y a d'essentiel dans une chose, ce qui la constitue principalement, par opposition à la forme, à l'apparence, à l'accessoire,etc. Ce qu'il y a de plus intérieur,de plus intime, ou de plus cachés dans le cœur,dans l'esprit…
*** la forme,c'est l'expression, le revêtement, l'habillement… Elle est l'ensemble des qualités extérieures que revêt un texte, la matière… elle est l'apparence réelle, contrôlable; elle désigne,dans un sens littéraire, tous ce qui s'oppose au fond: langue, style, expression.
Dans ce billet, nous n'ouvrirons pas de nombreuses parenthèses explicatives des termes et expressions utilisées . Nous vous laisserons " visiter "vous-même votre dictionnaire et , découvrir ainsi le sens et la signification des mots qui pourraient vous poser des problèmes de compréhension . Si des difficultés survenaient , vous pourrez toujours laisser un message dans le cadre des commentaires réservé à cet effet à la fin du billet .
Vous devez avoir dès maintenant connaissance de cette caractéristique fondamentale du savoir écrire et parler.
En somme, qu'est-ce que le style ?
Le style et la manière propre à chacun d'exprimer sa pensée par l'écriture ou la parole.
Par l'écriture, chez l'écrivain.
Par la parole, chez l'orateur.
Le style est la marque personnelle du talent. Plus il est original, saisissant, plus le talent est personnel. Le style c'est l'expression, l'art de la forme, qui rend sensibles nos idées et nos sentiments ; c'est le moyen de communication entre les esprits.
Ce n'est pas seulement le don d'exprimer ses pensées, c'est l'art de les tirer du néant, de les faire naître, de voir leurs rapports,l'art de les féconder et de les rendre saillantes .Le style comprend le fond et la forme.
Il faut bien se persuader que les choses qu'on dit ne frappent que par la manière dont on les dit. D'une façon générale, nous pensons à peu près tous les mêmes choses. La différence est dans l'expression et le style. Il relève ce qui est commun ; il trouve de nouveaux aspects à ce qui est banal ; il grandit ce qui est simple, il fortifie ce qui est faible.
Bien écrire, c'est tout à la fois bien penser, bien sentir et bien rendre les effets que l'on désire exprimer.
Le style est l'art de saisir la valeur des mots et les rapports des mots entre eux.
Les idées simples qui représentent les mots du dictionnaire, ne suffisent pas à faire un écrivain. Celui qui connaîtrait tous les mots du dictionnaire pourrait néanmoins être incapable de tracer une phrase ; car le talent ne consiste pas à se servir sèchement des mots, et à découvrir les nuances, les images, les sensations qui résultent de leurs combinaisons.
Le style est donc une création de forme par les idées est une création d'idées par la forme. Le style est une création perpétuelle :
Création d'arrangements, de tournures, de ton, d'expressions, de mots et d'images.
Plus cette création est sensible à la lecture, se perçoit facilement, meilleur est celui qui écrit, ou l'écrivain.
Le rapprochement, l'emploi de certains mots leur donne une magie spéciale, une poésie particulière, une signification nouvelle.
Guy de Maupassant dit quelque part : « les mots ont une âme. La plupart des lecteurs et même des écrivains ne leur demandent qu'un sens. Il faut trouver cette âme,qui apparaît au contact d'autres mots, qui éclate et éclaire certains livres d'une lumière inconnue,bien difficile à faire jaillir. Il y a, dans les rapprochements et les combinaisons de la langue écrite par certains hommes, toute l'évocation d'un monde poétique que le peuple des "mondains" ne sait plus apercevoir ni deviner. Quand on lui parle de cela, il se fâche, raisonne, argumente, nie, crie et veut qu'on lui montre. Il serait inutile d'essayer . Ne sentant pas, il ne comprendra jamais.
Les hommes instruits, intelligents, écrivains même, s'étonnent aussi quand on leur parle de ce mystère qu'ils ignorent ; et ils sourient en haussant les épaules. Qu'importe ! Ils ne savent pas. Autant parler musique à des gens qui n'ont point d'oreilles ».
Le style et donc la façon de chacun de créer des expressions pour rendre, exprimer, sa pensée.
Il peut être long, court,coloré, c'est, abondant, vif, périodique, selon les tempéraments.
Il est diffus, pâle,incolore, lâche chez les mauvais écrivains ; serré, nerveux, en relief, chez les bons écrivains.
L'union est si complète entre le caractère et le style d'une personne,qu'on a pu dire avec vérité :le style, c'est l'homme.
La vivacité des paroles, l'énergie des conceptions, le tour même de la conversation parlée,l'originalité de l'imagination, tout cela se peint exactement dans le style d'un homme.
Le style et le reflet du cœur, du cerveau et du caractère.
Non seulement cela est vrai des individus, mais cela est vrai des peuples.
On remarque de nos jours des différences entre le style des Français,des Espagnols, des Allemands et des Anglais.
Savoir beaucoup de choses n'apprend pas à être bon écrivain ;
Le style est indépendant de l'érudition ;
Aussi en disant qu'il faut lire beaucoup pour être capable d'écrire, on suppose, bien entendu, qu'on a en soi des aptitudes au style,au moins une vocation moyenne et un goût déterminé. Sans cela,
la plus immense érudition ne fera pas trouver une tournure de phrase.
Il y a des gens très savants, ils ne seront jamais écrivains, et il y a des écrivains brillants qui ne savent pas grand-chose.
Le savoir et l'art d'écrire sont choses distinctes, qui ne vont pas toujours ensemble.
« Les ouvrages bien écrits, dit Buffon, seront les seuls qui passeront à la postérité. »Il ajoute :« Toutes les beautés qui s'y trouvent, tous les rapports dont le style est composé sont autant de vérités aussi utiles et peut-être plus précieuses pour l'esprit humain que celles qui peuvent faire le fond du sujet. »
« Le style, dit Buffon,est l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées. »
L 'ordre, c'est-à-dire la logique des idées, leur enchaînement, leur fond ;le mouvement,c'est-à-dire, la vie, la forme ; l'ordre, qui est la concentration, l'allure, l'ensemble ; le mouvement, qui est l'imagination, l'agrément, le relief...
Ici intervient la fameuse distinction du fond et de la forme.
Les uns les séparent et les différencient ;
Le fond ,ce sont les matériaux, les pensées, la substance, le sujet ;
La forme, c'est l'expression, le revêtement, l'habillement. Cela fait deux choses à part.
Les autres disent :
Le fond et la forme ne font qu'un ; on ne peut pas plus les séparer que le muscle de la chair . Il est impossible d'exprimer une idée qui n'ait pas une forme, comme on ne peut concevoir une créature humaine qui n'ait pas une âme et un corps.
Quand on change la forme, on change l'idée, et de même la modification de l'idée entraîne celle de la forme.
Travailler la forme, c'est travailler l'idée. La forme colle sur l'idée.
Cette théorie est la vraie,et il faut s'y tenir .
Dans certains cas très rares, le changement de la forme, en effet n'altère pas l'idée .
Ainsi, si je dis :
« Il pleut » pour : « il tombe de l'eau» ; pleurer, pour verser des larmes ; s'agenouiller, pour se mettre à genoux ; un bruit retentit, au lieu de un bruit se fit entendre, j'aurais employé une forme meilleure qui n'aura pas changé d'idée ; mais c'est là plutôt une synonymie qu'une modification de forme.
En dehors de ce genre de corrections purement grammaticales,
l'idée subit toujours les changements de la forme. J'écris cette phrase :
« Nos cœurs enivrés de l'amour mondain». Je la retravaille et je mets :
« Nos cœurs enchantés de l'amour du monde»[Bossuet]. L'idée s'est modifiée d'après les nuances d'une nouvelle forme. Enchantement dit autre chose qu'enivrement, et aimer le monde n'est pas la même chose qu'éprouver l'amour mondain.
Si, au lieu de dire :« Les martyrs étaient animés du désir de souffrir» ce qui me donne des consonances désagréables, je dis : « les martyrs étaient animés de l'avidité de souffrir »[Bossuet], j'aurais trouvé une expression superbe qui aura changé l'idée, car le désir n'est pas l'avidité. Je ne veux pas dire que Bossuet ait trouvé cette expression par un travail d'embellissement et un effort de surcharge. Je suppose le fait pour montrer que modifier la forme, c'est modifier l'idée.
La forme et le fond ne font qu'un.
On ne peut, en général et d'une façon définitive, toucher à l'une sans altérer l'autre.
Quand on dit d'un morceau :« le fond est bon, mais la forme est mauvaise », cela ne signifie rien, car c'est la valeur de la forme qui rend le fond bon. Il faudrait dire :
« Le fond pourrait être excellent ,si la forme était bonne » car c'est la forme qui fait valoir le fond.
Nous l'avons tous constaté : en travaillant, en vous refaisant les phrases, nous croyons ne rien changer, n'améliorer que la forme, et voilà que tout se repétrit (pétrir) ,les idées se multiplient ; il arrive des incidentes, les proportions grandissent, l'alinéa augmente ; nous apercevons des images inattendues, des rapports nouveaux, tant il est vrai qu'on ne peut toucher à la forme sans bouleverser l'idée.
La forme est tellement inséparable de l'idée, que la dernière incarnation de la forme arrive à n'être que l'expression de l'idée pure. Essayez donc d'exprimer autrement certaines pensées, certains vers littérairement mathématiques, comme ceux-ci :
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément…
La raison du plus fort est toujours la meilleure…
Rien ne sert de courir ; il faut partir à point…
Plus fait douceur que violence…
De loin c'est quelque chose et de près ce n'est rien…
En toute chose il faut considérer la fin.
Entre autres conseils remarquables, et qu'il faut retenir pour se rendre compte du style, Buffon recommande « qu'on ajoute le coloris à l'énergie du dessin ». Il veut « qu'on donne à chaque objet une forte lumière »; il exprime le désir que chaque pensée soit une image. C'est ce dernier conseil qui a prévalu quand est venu Bernardin de Saint-Pierre,Chateaubriand, Théophile Gautier, et que la littérature française a été lasse de la beauté sans coloris.
Essayons de condenser la quintessence (ce qu'il y a d'essentiel [ la substance ] ,de plus précieux pour celle ou celui qui doit commencer à se lancer dans son propre perfectionnement en vue d'exprimer sa pensée) de ces propos sur le" Style".
Le style est l'effort par lequel l'intelligence et l' imagination trouvent des nuances,des rapports, des expressions et des images, dans les idées et les mots ou dans la relation qu'ils ont entre eux.
Il y a dans ce travail du style [et c'est un travail considérable] un côté qui est l'ordre, l'arrangement, le resserrement, la correction, l'ordonnance, les proportions, l'équilibre, la mise à point de toutes les pièces de cet échiquier qu'on appelle une phrase, une page, un chapitre.
Il y a aussi un autre côté, qui est le mouvement, la création des mots, des images, leur combinaison,ce qui fait l'intensité, l'effet, l'énergie, le coup de lumière,le relief.
Même le côté arrangement, l'art de placer les mots et de combiner les phrases, est encore une création.
La saveur de cette création multiple s'évapore souvent dans une traduction, justement par ce qu'elle constitue l'essence du style ; c'est ce qui faisait dire à Lamotte :
« Un grand nombre de beautés des anciens auteurs sont attachées à des expressions qui sont particulières à leur langue,ou à des rapports qui, ne nous étant pas aussi familiers qu'à eux, ne nous font pas le même plaisir. »
Le souci de la forme doit donc préoccuper avant tout ceux qui ont le goût d'écrire puisqu'elle comprend aussi le fond,et que c'est elle qui fait la valeur d'un texte,d'un ouvrage même d'un exposé oral.
Il existe une tradition ininterrompue d'historiens et d'anciens auteurs qui nous apprend que leur style faisait l'admiration de leur temps. Et c'est justement cette supériorité de forme qui les a immortalisés .
Si leurs vers eussent été mauvais, leurs contemporains ne les auraient pas retenus, et si leur style eût été médiocre,leur œuvre ne nous serait pas parvenue.
Il n'existe pas de chef-d'œuvre sans une forme soignée, et un ouvrage mal écrit ne peut pas vivre, par la raison qu' il n'y en a point de mal fait qui nous soit resté.
Fidèlement vôtre
lundi 25 octobre 2010
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