vendredi 15 juillet 2011

La Poésie, la Musique . Ecrit de Boileau .




Fête donnée en 1573 aux Tuileries par Catherine de Médicis

La Poésie, la Musique


La Poésie :

Quoi ! par de vains accords et des sons impuissants,
Vous croyez exprimer tout ce que je sais dire ?


La Musique :

Aux doux transports qu'Apollon vous inspire
Je crois pouvoir mêler la douceur de mes chants .


La Poésie :

Oui, vous pouvez, au bord d'une fontaine,
Avec moi soupirer une amoureuse peine,
Faire gémir Thyrsis, faire plaindre Climène .
Mais, quand je fais parler les héros et les dieux,
Vos chants audacieux
Ne me sauraient prêter qu'une cadence vaine :
Quittez ce soin ambitieux .


La Musique :

Je sais l'art d'embellir vos plus rares merveilles .


La poésie :


On ne veut plus alors entendre votre voix .



La musique :


Pour entendre mes sons, les rochers et les bois

Ont jadis trouvé des oreilles .


La poésie :

Ah! c'en est trop, ma soeur, il faut nous séparer .
Je vais me retirer :
Nous allons voir sans moi ce que vous saurez faire .


La musique :

Je saurai divertir et plaire ;

Et mes chants moins forcés n'en seront que plus doux .


La poésie :

Eh bien! ma soeur, séparons-nous .



La musique:


Séparons-nous
.


La poésie:

Séparons-nous .


Choeur des poètes et des musiciens .


Séparons-nous, séparons-nous .



La poésie:


Mais quelle puissance inconnue

Malgré moi m'arrête en ces lieux ?


La musique:

Quelle divinité sort du sein de la nue ?



La poésie :


Quels chants mélodieux

Font retentir ici leur douceur infinie ?


La musique:

Ah ! c'est la divine Harmonie

Qui descend des cieux !


La poésie :

Qu'elle étale à nos yeux

De grâces naturelles !


La musique :

Quel bonheur imprévu la fait ici revoir !



La poésie et la musique .


Oublions nos querelles :

Il faut nous accorder pour la bien recevoir .


Choeur des poètes et des musiciens .

Oublions nos querelles :

Il faut nous accorder pour la bien recevoir .



Chez Boileau, le poète et l'homme sont assez distincts . L'un se raconte par ses oeuvres, l'autre échappe davantage, à cause de ses oeuvres mêmes, dont il gardait l'esprit sans le caractère .

Cette poésie et cette musique, grâce à elles, un rayon de lumière merveilleux illumine le regard de ma mie [ma Doudoue], qui est toujours émue à leurs accents sonores : leurs paroles et leurs échos vibrants la sortent momentanément de son univers inconnu .
(Voir le billet du 13 Juillet 2011 de Esiobreg en cliquant sur l'image de la gerboise du bas, au sommet de la colonne de gauche . " Alzheimer, ou ... " dans lequel je donne les raisons de mon long silence sur mes deux blogs, Gerboise et Esiobreg) .


Fidèlement vôtre , Esiobreg .

1 commentaire:

  1. J'adore cette poésie que j'ai découvert dans un livre original du xvII siècles. J'adore. C'est beau et amusant.

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