samedi 30 juillet 2011

Mélodies de Pluie . Musique de relations et de sons naturels. Collection émeraude. http://www.origins.fr . Texte de Bruno Philip .



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" Enfin ! Il pleut ! Les plantes assoiffées, corolle courbée, n'en pouvaient plus d'attendre .

Les premières gouttes tombent, plates, espacées, jouant du xylophone à notes détachées .

Le sol pulvérulent en est tout moucheté, d'ocelles sombres presque aussitôt séchées .

Les feuillages s'agitent d'impatience fébrile, les oiseaux se sont tus, pour un temps tout semble suspendu . L'atmosphère s'est déjà rafraîchie, imprégnée d'ozone et de senteurs mouillées. Alors, satisfaite du prélude, la pluie fait son entrée de diva désirée . Elle accroche son diadème de perles aux feuilles des marronniers, sa rivière de diamants à celles des tilleuls .

Elle danse, voilée de transparence, pieds nus sur la prairie, courbant à peine l'herbe sous ses orteils tout ronds . Elle chante, accompagnée aux cordes de sa mandoline, une mélodie limpide aux harmonies cristallines.

Les fleurs lui crient des bravos, des mercis, des encore , lui envoient des baisers parfumés, debout, sur leur tige dressée .

Les rainettes des ruisseaux bondissent en coassant d'émois. Les escargots timides sortent de leur coquille, lui écrivent des poèmes de leur calligraphie appliquée .

Le Ciel lui-même sourit, écartant les nuages, et présente, à l'union du feu et de l'eau, l'anneau de l'arc-en-ciel septuple qui scelle son alliance avec tout être vivant .




BRUNO PHILIP




La musique de ce CD, harmonieuse, délicieuse, mérite d'être écoutée ; les bruits de la pluie qui tombe, les bruits du tonnerre qui gronde ... créent une ambiance ensorcelante, reposante, propice à la réflexion .




Esiobreg vous recommande d' écouter ces compositions musicales .



Fidèlement vôtre .

dimanche 24 juillet 2011

Grammaire : distinguer les compléments circonstanciels,de lieu[où],de temps[quand],de manière[comment],de cause[pourquoi],de but[fin],de moyen[biais]



Autres compléments circonstanciels qui peuvent se rapporter à la scène que représente cette image en dehors de ceux de lieu [où se situe-t-elle ? ] ; de temps [quand s'est-elle produite ?] ; de manière [ comment s'est-elle manifestée ?] .


- Complément circonstanciel de cause : pourquoi ?


N'exprime t-elle pas une manifestation de satisfaction au moment du départ de leurs amis (ies) , de leurs parents ?


- Complément circonstanciel de but : à quelle fin, pour quelle raison ?


N'est-ce pas pour montrer leur reconnaissance, leur bonheur ?


- Complément circonstanciel de moyen : par quel procédé ?


N'est-ce pas, en laissant deviner leur exubérance heureuse, en manifestant leur joie ?


Ces compléments donnent des informations sur la situation bien définie , la conjoncture, ici heureuse du contexte qui se présente .


Fidèlement vôtre, Esiobreg .






jeudi 21 juillet 2011

Aidant*:continuer,ne pas abandonner à la première difficulté,poursuivre ce qu'on a commencé,persister dans l'effort,persévérer avec courage,ténacité.

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* aidant : [ un contexte, parmi d'autres très nombreux et très variés, pouvant survenir dans la vie] personne qui assiste un être dépendant dans sa vie quotidienne et sa capacité à faire face , donc qui doit être capable de persévérance et de persistance, d'obstination , donc de poursuivre cette action, cette activité, ces efforts, avec efficacité.

Finesses, subtilités de la langue française . Le pouvoir des mots sur les comportements humains . Tout n'est pas équivalent et substituable, en particulier les différents termes dits Synonymes qui possèdent des sens parfois contradictoires , ne correspondant pas toujours à la réalité .

Persister : demeurer dans le même état , déterminé, inébranlable, dans ses idées et dans ses intentions ; poursuivre la même action, demeurer ferme dans sa résolution, son opinion . Persister suppose de l'énergie, quelquefois de l'opiniâtreté, et s'applique souvent à des actions particulières . S'obstiner dans ce que l'on fait, dans ce que l'on pense . Persister implique de ne pas renoncer, de ne pas cesser .

Persévérer : demeurer ferme et constant dans ce qu'on fait, ce qu'on pense ou ce qu'on veut . Durer, ne pas céder . S'accrocher, s'acharner, aller jusqu'au bout ; avoir de la suite dans ses idées . Persévérer ajoute à l'idée de continuer, de ne pas renoncer, de ne pas abandonner ; donc de réaliser ce que l'on fait sans jamais se décourager , l'idée de rester toujours dans le même état moral ou dans les mêmes dispositions .

Enfin , pour préciser le sens de ces termes, l'action de persister suppose de la fermeté ou de l'énergie ; celle de persévérer , de la constance : on persiste opiniâtrement , on persévère jusqu'à la fin .

Qui persiste ne faiblit ni ne cède ; qui persévère ne se lasse pas .

On persiste dans les choses où il y a lieu de montrer de la fermeté, dans une résolution ou une affirmation ; on persévère dans celles où patience et longueur de temps font tout .

Ce sont deux attitudes bien différentes pour atteindre un but , deux états d'esprit différents pour réfléchir .

Persister met en jeu la tension suprême . Mot d'ordre : " Il faut tenir " .

L'énergie ne se compte pas . Efforts, courage, obstination : toutes les valeurs qui ont " fait " l'Occident tel qu'il est encore maintenant [ pourvu que cela dure !] .

En regard la persévérance étend ses ailes . À la force massive vient tenir tête une énergie minimale, soutenue, il est vrai, par un allié inestimable : le temps . À l'encontre de tout souci de productivité, la perspective de finir ne compte pas . C'est une philosophie toute orientale : l'eau du torrent use la roche granitique de son lit, inexorablement [ y réfléchir].

Continuer :

Marque simplement le prolongement que l'on fait à une chose pour l' augmenter ou pour la rendre plus complète [ durer - se maintenir - demeurer] . Continuer, c'est faire en sorte que ce qui est commencé n'en reste pas là, qu' il y ait eu ou non interruption ; continuer marque simplement l'addition d'une nouvelle action .

Dans le sens de poursuivre, s'ajoute l'idée qu'on veut faire jusqu'au bout ce que l'on a dessein de faire, parfois au prix de quelque difficulté . Poursuivre une chose déjà commencée en prolongeant ; continuer est l'opposé de cesser . Poursuivre ajoute à continuer une idée de persévérance et de persistance ; poursuivre implique un effort pour essayer d'atteindre le but souhaité .


Tout ce qui précède, constitue un solide objet de réflexion sur lequel nous pourrons nous interroger par la suite, surtout pour ses conséquences dans l'analyse explicative des divers contextes rencontrés et particulièrement celui de " l'aidant " d'une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer ou de tout autre fléau perturbant la santé de vos proches ou de votre propre personne.


Fidèlement vôtre , Esiobreg .

vendredi 15 juillet 2011

La Poésie, la Musique . Ecrit de Boileau .




Fête donnée en 1573 aux Tuileries par Catherine de Médicis

La Poésie, la Musique


La Poésie :

Quoi ! par de vains accords et des sons impuissants,
Vous croyez exprimer tout ce que je sais dire ?


La Musique :

Aux doux transports qu'Apollon vous inspire
Je crois pouvoir mêler la douceur de mes chants .


La Poésie :

Oui, vous pouvez, au bord d'une fontaine,
Avec moi soupirer une amoureuse peine,
Faire gémir Thyrsis, faire plaindre Climène .
Mais, quand je fais parler les héros et les dieux,
Vos chants audacieux
Ne me sauraient prêter qu'une cadence vaine :
Quittez ce soin ambitieux .


La Musique :

Je sais l'art d'embellir vos plus rares merveilles .


La poésie :


On ne veut plus alors entendre votre voix .



La musique :


Pour entendre mes sons, les rochers et les bois

Ont jadis trouvé des oreilles .


La poésie :

Ah! c'en est trop, ma soeur, il faut nous séparer .
Je vais me retirer :
Nous allons voir sans moi ce que vous saurez faire .


La musique :

Je saurai divertir et plaire ;

Et mes chants moins forcés n'en seront que plus doux .


La poésie :

Eh bien! ma soeur, séparons-nous .



La musique:


Séparons-nous
.


La poésie:

Séparons-nous .


Choeur des poètes et des musiciens .


Séparons-nous, séparons-nous .



La poésie:


Mais quelle puissance inconnue

Malgré moi m'arrête en ces lieux ?


La musique:

Quelle divinité sort du sein de la nue ?



La poésie :


Quels chants mélodieux

Font retentir ici leur douceur infinie ?


La musique:

Ah ! c'est la divine Harmonie

Qui descend des cieux !


La poésie :

Qu'elle étale à nos yeux

De grâces naturelles !


La musique :

Quel bonheur imprévu la fait ici revoir !



La poésie et la musique .


Oublions nos querelles :

Il faut nous accorder pour la bien recevoir .


Choeur des poètes et des musiciens .

Oublions nos querelles :

Il faut nous accorder pour la bien recevoir .



Chez Boileau, le poète et l'homme sont assez distincts . L'un se raconte par ses oeuvres, l'autre échappe davantage, à cause de ses oeuvres mêmes, dont il gardait l'esprit sans le caractère .

Cette poésie et cette musique, grâce à elles, un rayon de lumière merveilleux illumine le regard de ma mie [ma Doudoue], qui est toujours émue à leurs accents sonores : leurs paroles et leurs échos vibrants la sortent momentanément de son univers inconnu .
(Voir le billet du 13 Juillet 2011 de Esiobreg en cliquant sur l'image de la gerboise du bas, au sommet de la colonne de gauche . " Alzheimer, ou ... " dans lequel je donne les raisons de mon long silence sur mes deux blogs, Gerboise et Esiobreg) .


Fidèlement vôtre , Esiobreg .

vendredi 17 juin 2011

La nature : une promenade en forêt,ou une prise de conscience d'une certaine manière d'évoquer ses propres réflexions et ses relations avec le monde .

UN MATIN


Poésie de Emile Verhaeren ( 1855-1916 )



Dès le matin,par mes grand'routes coutumières (prises, empruntées d'ordinaire)
Qui traversent champs et vergers,
Je suis parti clair et léger,
Le corps enveloppé de vent et de lumière .


Je vais, je ne sais où. Je vais,je suis heureux ;
C'est fête et joie en ma poitrine ;
Que m'importent droits et doctrines , (les contraintes, entraves à la liberté; ne me pèsent pas, ne rentrent pas en ligne de compte)
Le caillou sonne et luit sous mes talons poudreux ;


Je marche avec l'orgueil d'aimer l'air et la terre,
D'être immense et d'être fou (dans mes rêves,mon imagination,mes projets ...)
Et de mêler le monde et tout
A cet enivrement de vie élémentaire .

Oh ! les pas voyageurs et clairs des anciens dieux !
Je m'enfouis dans l'herbe sombre
Où les chênes versent leurs ombres
Et je baise les fleurs sur leurs bouches de feu .

Les bras fluides et doux des rivières n'accueillent ;
Je me repose et je repars (errer , aller à l'aventure sans but précis ; se manifester çà et là)
Avec mon guide,le hasard,
Par des sentiers sous bois dont je mâche les feuilles .

Il me semble jusqu'à ce jour n'avoir vécu
Que pour mourir et non pour vivre :
Oh ! quels tombeaux creusent les livres (influences des écrits dans lesquels les meilleurs esprits indépendants se "plongent " )
Et que de fronts armés y descendent vaincus !

Dites, est-il vrai qu'hier il existât des choses,
Et que des yeux quotidiens
Aient regardé, avant les miens ,
Se pavoiser les fruit et s'exalter les roses !

Pour la première fois, je vois les vents vermeils
Briller dans la mer des branchages (le vent,en faisant onduler les cimes des arbres, provoque cette impression de houle de la mer ...)
Mon âme humaine n'a point d'âge ;
Tout est jeune, tout est nouveau sous le soleil .

J'aime mes yeux,mes bras,mes mains,ma chair,mon torse
Et mes cheveux amples et blonds
Et je voudrais,par mes poumons,
Boire l'espace entier pour en gonfler ma force (accaparer, retenir en totalité pour soi seul).

Oh ! ces marches à travers bois, plaines,fossés,
Où l'être chante et pleure et crie
Et se dépense avec furie
Et s'enivre de soi ainsi qu'un insensé (se grise, s'enthousiasme, s'exalte, s'emplit d'une sorte d'ivresse des sens, d'une émotion très vive) !

Bien à vous, après ce long silence lié à l'état de santé de ma compagne de toujours, Gerboise et Esiobreg .

vendredi 22 avril 2011

Liaisons,enchaînements des idées,mise en valeur des liens entre les éléments d'un texte,union des faits, articulations* logiques dans votre discours**

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* articulations : modes d'union des divers éléments d'un texte, entre eux ; imbrications, liaisons, assemblages, charnières .
** oral et/ou écrit .

A quoi servent les liaisons méthodiques, cohérentes, naturelles ; quelles sont leurs fonctions dans une phrase, à intérieur d'un même paragraphe, d'un paragraphe à l'autre, entre les différentes parties du texte ?

Elles explicitent et mettent en valeur les liens entre les divers éléments de votre message, elles enrichissent le cheminement de votre pensée, elle structurent les différentes étapes du déroulement de l'exposé de vos idées .

Privilégiez et mettez en valeur la qualité et la structure de votre raisonnement

Chaque énoncé doit s'insérer harmonieusement dans son contexte et « apporter vraiment quelque chose », ce qui est valable pour le fond, mais aussi pour la forme de votre propos .

Nous vous proposons des formules d'annonce, les articulations d'amorce…

Ces formules annoncent ce qui va suivre… Certaines, peuvent aussi souligner que ce qui a été dit ou ce qui va suivre n'est qu'un moment de la pensée, en laissant entendre que celle-ci suivra son cours, et que d'autres éléments seront présentés par la suite .

Voici une série de formules introductives simples :

D'abord, il sera nécessaire de définir les termes techniques permettant de comprendre les mécanismes de cette réaction artificielle minérale à très haute température et à très forte pression : la synthèse du diamant .

En premier lieu, seuls les mots …
Avant toute chose… nous devons préciser les conditions de cette expérience .
Premièrement…
Voici d'abord…
Commençons par… les conditions de température
Notre première idée…
Un premier principe…
Le point de départ doit être…
Je tiens d'abord à vous dire…
Je voudrais d'abord vous dire, exposer, souligner l'idée…
Il me faut d'abord préciser…
Un point initial s'impose…
Voici une remarque liminaire… , placée en tête
En exergue, à cette allocution… , comme présentation; explication que l'on place en tête d'un texte

Puis des annonces sur la progression du raisonnement :

Certaines de ces annonces marquent une gradation ou mieux encore une progression du raisonnement :

En premier lieu …
En second lieu…
D'abord…
Plus encore…
Une première observation…
Un argument encore plus fort…
Il convient d'abord…
Il faut ensuite…
Il importe enfin…

Vous devez remarquer, constater, les triples gradations possibles dans un discours :

1° une gradation temporelle des adverbes :

d'abord ...
ensuite ...
enfin ...

2° une gradation de force croissante des verbes :

il convient ... [ convenir : il est souhaitable de ..., il sied de ..., il y a lieu de ... ]
il faut ... [ falloir : il est nécessaire de ... , on doit ... ]
il importe ... [ importer : avoir de l'importance ... , cela vaut la peine de ... , être de conséquence ... ]

Caractériser le premier terme d'une énumération :

D'une part…
En premier lieu…
Ma première remarque portera sur…
Ma première proposition est le suivant…
Voici ma première proposition pour résoudre ce problème…
Je vous présenterai, proposerai ensuite, une première réflexion ou conclusion partielle…
Voici un premier principe…
Notre premier point est évidemment…
Une première définition s'impose…

Présenter l'annonce d'une alternative :

Ou… ou…
Ou bien… ou bien alors…
Et… et…
Soit… soit…
D'une part… d'autre part…
D'un côté… et de l'autre…
L'un… l'autre…
Les uns… les autres…
Les premiers… les suivants…

Nous poursuivrons, dans un prochain billet, de vous présenter cet ensemble d'outils nécessaires à la bonne édification des textes que vous serez amenés à construire .

Fidèlement vôtre , Esiobreg , la petite soeur de Gerboise. Vous pourrez atteindre le blog de cette dernière en cliquant sur son image, en haut et à gauche de chaque billet d'Esiobreg .


dimanche 17 avril 2011

Chansons, rengaines et airs d'antan . Une réjouissance de l'esprit .




Voici la reproduction du Recto et du Verso de la couverture de l'ouvrage que vous pourrez acquérir pour la modeste somme de 14 , 95 euros .

( vous pouvez agrandir toutes ces images en réalisant un clic gauche sur chacune d'elles; puis revenir chaque fois à la précédente)





En ces temps plus ou moins réjouissant, quel merveilleux petit livre, étourdissant, délicieux, enchanteur (qui charme,qui séduit) , qui est capable de nous transporter de joie, d' admiration, de nous séduire, de nous laisser gagner par un attrait irrésistible ! Il rappelera à certains d'entre nous de nombreux souvenirs d'enfance .

Esiobreg vous recommande de vous procurer cet ouvrage :


"Le Livre des Chansons" de France et d'ailleur de Claudine et Roland Sabatier,a été édité par Gallimard Jeunesse en 2003, et réédité en 2009 . Il vous enchantera . Voici un échantillonnage de son contenu pour vous montrer l'élégance de sa présentation .








Toutes les chansons sont présentées avec leur propre partition ce qui permet de retrouver l'air et ainsi de donner une âme à chacune d'entre- elles ;
















A bientôt, fidèlement vôtre, Esiobreg et Gerboise .



jeudi 24 mars 2011

Langue française : écueils*, pièges et difficultés .

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Synonymes , Homonymes et Paronymes .

* écueils : obstacles périlleux, causes d'échecs, dangers, pièges, difficultés qui mettent en péril, inconvénients, risques .



Définitions :

Synonymes :

Se dit des mots qui ont la même [identique ] ou à peu près [ très voisine ] la même signification . Ne se dit que de mots qui ont entre eux une analogie générale de sens avec des nuances d' acception particulières à chacun d'eux, ou parfois même qui ont exactement le même sens . On peut parler également d'équivalent, tout mot, toute expression, toute tournure peuvent remplacer un mot, une expression, une tournure, et avoir exactement le même sens et aussi souvent la même valeur esthétique .

Danger et péril ; prisonnier et captif .

Homonymes :

Se dit de mots semblables, exactement, par le son, mais de nature, d'orthographe et de sens tout à fait différents .

Sain , sein, seing (signature) , saint et ceint ( entouré de… , pourvu d'une ceinture) .

Paronymes :

Mots qui offrent une certaine ressemblance de forme et de prononciation, qu'ils aient ou non un rapport étymologique, alors que les homonymes, qui présentent une parfaite similitude de sons, n'ont aucun rapport étymologique . Ce ne sont pas des homonymes, et cependant ils offrent une grande ressemblance de forme écrite et parlée comme nous venons de le préciser ci-dessus ; cependant, ce ne sont pas non plus des synonymes, et cependant il y a souvent entre eux une grande parenté de sens . Les employer l'un pour l'autre est une faute d'une gravité exceptionnelle, une faute double qui porte atteinte à la forme et au fond .

-Amener et emmener : on amène vers soi ; on emmène hors de chez soi .
-Conjecture et conjoncture : on se livre à des conjectures ; une heureuse conjoncture peut faire qu'un projet se réalise .
-Émersion et immersion : le nageur plongea ; entre son immersion et son émersion il s'écoula plus d'une minute .
-Éruptions et irruption : un volcan fait éruption ( éclater au dehors ; sortie brutale de ce qui était renfermé ; éruption de boutons sur la peau) . Les enfants firent irruption bruyamment ( entrée soudaine et imprévue d'un être dans un lieu ) dans la maison .
-Plier et ployer : on plie une feuille de papier ; une branche ploie (fléchir, courber) sous le poids des fruits .


Amande et amende sont des homonymes ; émerger et immerger, des paronymes .


Il ne faut pas confondre homonymes et synonymes .

Les synonymes sont des mots qui, sous des formes graphiques et phonétiques tout à fait différentes, offrent un sens à peu près identique ; tels sont bravoure et courage, anxiété et l'angoisse, splendide et magnifique .

Leur étude n'offre donc aucun intérêt au point de vue de l'orthographe . Par ailleurs, il faut s'en défier . Un européen à qui une conversation surprise dans un " bistro ! " lui avait fait comprendre que les mots juste et équitable étaient équivalents, c'est-à-dire synonymes, mit un jour des chaussures neuves qui lui faisaient mal . Sur-le-champ, il se rendit chez son cordonnier et lui dit : « ces chaussures que vous m' avez faites sont beaucoup trop équitables ! »

Les homonymes étant, au contraire, des groupes de mots qui, identiques ou à peu près pour l'oreille, diffèrent complètement par le sens, et presque toujours par l'orthographe, ce sont des pièges où se laissent prendre les débutants dans la vie scolaire et même parfois plus tard, des adultes .

Fidèlement vôtre, Esiobreg .

mardi 8 mars 2011

La sincérité*, cette disposition à reconnaître et à dire la vérité sans chercher à se tromper soi-même ni à tromper les autres ...

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* sincérité : Qualité de celui ou celle qui dit la pure vérité, qui ne cherche pas à tromper, qui parle ou qui est sans artifice, sans déguisement .

" La sincérité est une ouverture de coeur qui nous montre tels que nous sommes ; c'est un amour de la vérité, une répugnance à se déguiser, un désir de se dédommager de ces défauts et de les diminuer même par le mérite de les avouer " . La Rochefoucauld

" Il est bien adroit d'être sincère : en avouant ses fautes, on se donne un mérite qui les rachète, une bonne grâce qui les fait tolérer, comme, en avouant ses torts, on s'inflige une humiliation peu sensible qui expie la faute, honore le coupable et flatte l'offensé " Sully Prud'homme



Préambule de ce merveilleux ouvrage de Elsa Godart publié aux éditions Larousse en 2008 [ 17 euros] : La Sincérité, ce que l'on dit, ce que l'on est , que " Gerboise " et " Esiobreg ", sa petite soeur vous recommandent, toutes les deux, de lire et d'approfondir . Cette sorte d'avant-propos de l'auteur : ce préambule [ est ce qui se dit ou s'écrit avant de commencer quelque chose ] , est d'une richesse d'idées extraordinaire ; il est exprimé dans un français exemplaire dont vous pourrez vous imprégner .

Voici ce texte :

"" « Pour être sincère, il faut cesser de l'être » . Cette affirmation du philosophe Vladimir Jankélévitch annonce d'emblée ce qu'est la sincérité : un paradoxe ( proposition contraire à l'opinion commune , couramment admise et qui choque les idées reçues) .

Nous portons tous en nous une exigence de sincérité sans toutefois parvenir à la réaliser . La question de la sincérité se pose dans nombre domaines : dans nos relations avec les autres et avec nous-mêmes, dans notre usage du langage ; elle soulève un problème de morale, elle engage notre volonté et elle détermine notre rapport avec le mensonge .

Suis-je sincère ?
Comment l'être ?
Faut-il l'être ?

Autant d'interrogations que nous nous sommes déjà faites et auxquelles il n'est pas facile de répondre . C'est en cela que le thème de la sincérité intrigue et intéresse .

Il me semble que notre époque se trouve confrontée à des bouleversements éthiques et existentiels sans précédent . Par exemple, il est communément admis que les valeurs familiales, morales et religieuses tendent à se disloquer ou, du moins, se transforment fortement .

Je constate que ces changement de repères ont, entre autres, aux conséquences le fait que les psys (psychologues) n'ont jamais été autant consultés : cela révèle notre difficulté à être sincère envers nous-mêmes et envers les autres, manifeste notre besoin vital d'être sincère et, surtout, indique combien la sincérité ne va pas de soi . C'est parce qu'être sincère n'a rien d'évident qu' il est à ce point intéressant de s'interroger aujourd'hui sur la valeur de la sincérité : en perçant son mystère, peut-être parviendrons-nous à résoudre une partie de nos problèmes existentiels .


N'avez-vous jamais fait ce constat paradoxal propre à notre monde contemporain où tout est en mouvement : alors que les moyens de transports permettent de se déplacer et de se rapprocher de plus en plus vite, que les outils de communication [ Internet, le téléphone portable, la télévision par satellite, etc. ] divise le temps et abolissent les distances, j'ai l'impression que nous nous éloignons de plus en plus les uns des autres : indifférents que nous sommes devenus aux autres, nous nous sentons aussi de plus en plus seuls .

J'observe que notre société en modifiant peu à peu ses valeurs les plus essentielles a surtout perdu du sens . N'arrivant plus à générer du lien avec les autres, isolés, égarés, nous voilà rendus incapable de sincérité .

Ce phénomène s'accompagne d'un profond sentiment de frustration engendrée par la complexité à être soi-même, d'une réelle difficulté à être reconnu, à s'imposer dans le monde et à se faire entendre . Preuve en est l'explosion des ventes d'ouvrages sur le bien-être et le développement personnel . Le besoin de prendre soin de soi est réel et il oblige à se poser la question de savoir qui l'on est et, bien plus, de pouvoir le dire .

Car, s'il est certain que l'on a trouvé des moyens efficaces pour parvenir à dire, en revanche, une incapacité majeure persiste : notre impuissance à se dire . Et c'est là peut-être le nouveau défi aujourd'hui : arriver à lever le voile opaque et insincères de l'être .

En ce sens, percer l'énigme du se dire, c'est déterminer en quoi cela correspond à un besoin propre de notre temps essaie ainsi poser, en toute sincérité si j'ose dire, précisément la question de la sincérité .

Plus que jamais, l'Occident semble porter en lui le souci de la sincérité, parce que notre époque est malade du dire . Il semblerait que l'individualisme qui caractérise notre société occidentale atteint ses limites quand il est finalement un si grand obstacle à ce que l'individu se sente reconnu par les autres .

Dans nos relations sociales, nous nous retenons d'exprimer nos véritables émotions, non ressenties et, souvent, de dire ce que l'on pense vraiment . Ce défaut de sincérité s'avère nuisible, car à force de jouer un rôle, l'individu fini par ne plus savoir qui il est, il ne se reconnaît plus . Or l'absence de sincérité devient source de troubles : nombre de souffrances psychiques sont causées par la difficulté de se dire, de se raconter ou de parler de soi . Aussi,n' est-il pas étonnant d'observer la vogue des différentes psychothérapies auxquelles on a de plus en plus recours . Par exemple, avec la psychanalyse, thérapie qui naît au début du XXe siècle et qui repose essentiellement sur la parole, c'est donc désormais par le langage que passe la libération de certaines névroses et des douleurs à vivre le psychanalyste français Jacques Lacan définit l'homme comme un «parlêtre », et soutient même que « l'inconscient est structuré comme un langage », ainsi, tout en l'homme semble pouvoir se réduire au langage .

Toutefois, le besoin de sincérité ne se fait pas sentir seulement au niveau psychologique ou relationnel, son importance est primordiale en ce qui concerne également nos valeurs - tant humaines que sociétales . En effet, la sincérité étant avant tout une véritable force d'âme, « elle est, comme la vertu du commencement, vertu majeure » : on ne saurait s'en passer . Il est nécessaire à tout être humain d'atteindre ou au moins de tendre à une vérité qui lui soit propre : la sienne . Comme le recommande Socrate en contemplant le temple d'Apollon à Delphes : « connais-toi toi-même » . Maxime qui confirme combien la quête de soi doit être le dessein d'une vie, et qu'on ne peut pas s'y dérober . Pourtant cette recherche, cette quête vertueuse, semble faire défaut aujourd'hui .
Plus que jamais, la question de la sincérité est d'actualité .

Mais qu'entend-on par sincérité ? La sincérité se comprend de multiples façons et recouvre plusieurs sens . Le terme est souvent employé à tort et à travers mais toujours étroitement lié avec le dire : la sincérité est le fait de dire avec franchise et en toute bonne foi ; dire avec sincérité attribue une qualité morale à la personne qui dit ; la sincérité implique aussi le fait d'être disposé à faire connaître ce que l'on pense et ce que l'on ressent, à dire et à reconnaître la vérité .

Et la sincérité est-elle synonyme de vérité ? Et est-ce à dire qu'elle est l'opposé du mensonge ?

Pour Vladimir Jankélévitch, il y a « trois sortes de sincérité :

-L'accord de la pensée du propos [ou de la pensée et de l'acte] ,
-l'accord de l'acte et du propos,
-l'accord de la pensée avec soi »

Ainsi y aurait-il trois manières d'être sincère :

- Par la conformité de la parole et de la pensée ;
- par la conformité de la parole et de l'action ;
- et par la fidélité à soi-même .

C'est dire que la sincérité est essentiellement cette vertu qui tente de percer le mystère de soi .
En essayant de comprendre ce qu'est la sincérité, on expérimente donc ce qu'il y a de plus soi en soi .

Voilà pourquoi, après plusieurs années d'études sur ce sujet, je souhaite partager avec vous, à travers cet ouvrage, mes recherches . Selon moi, la sincérité mérite sa place de pilier de la pensée philosophique . Parce que la sincérité, ainsi que je l'ai esquissée, n'est autre que la voie de la connaissance de soi : s'appliquer à être sincère,

c'est chercher à savoir qui l'on est .

La philosophie emprunte le même chemin puisqu'elle ambitionne, elle aussi, d'accéder à cette connaissance de nous-même et du monde . C'est dans ce sens que l'on peut d'ores et déjà lier philosophie et sincérité .

Mais une réflexion sur la sincérité va bien plus loin encore .


Car si la sincérité est à associer à la connaissance de soi, alors on va très vite aborder une autre question, ô combien essentielle ! : Celle de notre bonheur .

En effet, est-il possible de prétendre à une quelconque forme de bonheur quand on ignore qui l'on est et ce que l'on veut véritablement ? Tenter de répondre à cette question suppose de chercher à être sincère et donc de se connaître ; c'est, d'une certaine manière, dessiner une image de son bonheur . Il est certain que si je ne connaissais pas, je ne peux prétendre à cet équilibre de vie nécessaire à mon bien-être .


Dès lors, la sincérité, ce n'est pas seulement le fait de dire des paroles justes ou encore d'être franc, ce n'est pas non plus uniquement le fait d'adopter une attitude morale .


La sincérité « se fout de la morale » , tout comme le menteur peut être sincère [un paradoxe de plus !) . La sincérité engage ce que nous sommes et notre vie bien plus qu'on ne saurait l' imaginer d'emblée .


Ce livre a pour ambition de faire découvrir ce qu'est la sincérité dans toute la profondeur et la complexité qui la caractérise . Pour ce faire, j'alternerai passages didactiques et réflexions plus légères, car le paradoxe de la sincérité est d'être tout à la fois au centre de notre quotidien ainsi qu'au coeur d'une pensée théorique . Avec cette démarche, j'espère engager avec vous un véritable échange de pensées , et ce dans la perspective de philosopher ensemble la sincérité .


Dans la première partie de cet ouvrage, j'ai imaginé de mettre en scène un dialogue fictif entre différents philosophes qui ont réfléchi sur le sujet . De la sorte nous serons, au fil des répliques qui sont, souvent, des citations extraites de leurs oeuvres, nourris par les propos riches et divers des auteurs convoqués et en même temps, plongés dans un contexte que je souhaite divertissant .


J'ai inscrit cette confrontation de pensées dans une situation très académique, celle d'une soutenance de thèse . L'intérêt d'une telle mise en scène sera d'identifier différents niveaux de sincérité : tant à propos du contenu des discussions qu'au regard du contexte .




La deuxième partie proposera neuf pistes de réflexion sur la question de la sincérité . Afin d'en éclairer le sens, j'ai ainsi d'abord interrogé le rapport de la sincérité avec des termes proches tels que ceux de véracité, de franchise, de simplicité, de pureté ou à l'inverse d'insincérité et de mensonge… Suivront des analyses qui nous permettront, en les confrontant, d'appréhender concrètement la sincérité dans l'art ou encore la sincérité en politique . Ici, nous verrons comment une philosophie de la sincérité est aussi une pensée de nos rapports à l'art et au politique .

Notre parcours s'achèvera sur un récit auquel je tiens particulièrement : histoire de l'Etre- sincère qui est celle d'un monde différent, celui de l'en- deçà ( rester en deçà de... :ne pas l'atteindre) - le monde métaphysique (ce terme vaste et polysémique, avec de nombreux sens, désigne d'une manière générale la science de « l' être en tant qu' être , mais aussi ce qui dépasse le domaine de l'expérience ou du visible . Là encore, ce mot a eu de nombreuses définitions selon les époques et les courants de pensée) . J'ai créé le terme d'Etre sincère afin de montrer à quel point la sincérité peut s'avérer fondamentale, tant dans le domaine de la pensée philosophique que dans notre vie quotidienne .

Dans cet ouvrage, j'ai choisi de poser aussi bien les questions les plus concrètes que les plus abstraites au sujet de la sincérité .


J'ai tenté de réaliser un véritable parcours initiatique au terme duquel, je l'espère, la sincérité sera comprise avant tout comme un lien . Un lien entre soi et soi-même, et aussi un lien entre soi et les autres . C'est pour cela qu'il est nécessaire de philosopher la sincérité . Parce qu'elle est un moyen de redonner du sens à nos relations avec les autres . Parce qu'il me semble urgent de combler, se ressent ( ressentir) au coeur des débats politiques, où tout ne serait que mensonge et insécurité ; au coeur des relations sociales, où tout ne serait que masque et représentation ; au coeur des relations affectives, la famille étant le premier lieu des non-dits ; au coeur de soi, que l'on fuirait par crainte de ne plus arriver à se reconnaître ... Il est temps désormais de plonger en soi-même et de partir à la rencontre de la sincérité car, comme l'écrit Jean-Jacques Rousseau dans Mon portrait : " Il ne faut pas corriger les hommes de parler sincèrement d'eux-mêmes ""



[ voir également les réflexions de Montaigne dans l'ensemble de ces " Essais " : Conseils au Lecteur ... ] .

Bonne lecture .

Fidèlement vôtre, Esiobreg .

vendredi 4 mars 2011

Le courage*: manifestation dans l'action d'une disposition de l'esprit opposée à la crainte;fermeté dans la volonté de réaliser,de faire quelque chose

.

* COURAGE : Force d' âme de celui qui affronte le danger sans crainte ou supporte la souffrance sans se plaindre .

" Le courage même consiste à différer ( éloigner) la violence, ce qui est la conduire, et non s'y livrer " . Alain, Propos

" Il faut commencer par le commencement .
Et le commencement de tout est le courage . "

Vladimir Jankélévitch (Philosophe français, 1903-1985)


Prendre son courage à deux mains : faire un effort pour vaincre une résistance, des hésitations

Courage : vertu de l'âme [de l'esprit] qui fait affronter tous les chagrins de la vie, tous les périls, auxquels on peut être exposé .

Courage : attitude positive devant un obstacle, une action, une décision pour entreprendre .

S'armer de courage, cette force morale devant l'adversité (sort, effet contraire, généralement néfaste) , la souffrance des autres ,de soi-même .

Le courage, la volonté de dire, d'écrire, de faire quelque chose .

Le courage implique une grande fermeté devant un danger ou dans des situations difficiles d'un point de vue moral ou physique ; c'est également la fermeté qui fait supporter ou braver les périls, les souffrances, les revers, les aléas de la vie .


C'est l'ardeur, l'énergie dans une initiative, une entreprise, un projet, une tentative, une aventure ...

C'est aussi :

- le courage de pouvoir réaliser ce qui est difficile , de ne pas avoir peur, de ne pas s'énerver et garder son calme en toutes circonstances, d' être capable de s'organiser, de se contrôler dans des conditions difficiles et dangereuses ;

- Le courage de résister, le courage d'affronter la peur … les dangers de toute nature ...

- Le courage de foncer ;

- Le courage d'apprendre et de travailler ;

- Le courage de savoir faire, de dire oui ou non, franchement, et de pouvoir dire : je ne sais pas … ;

- Le courage de faire attention, dans mes lectures, dans mes occupations, dans des excès, dans mes envies … ;

- Le courage de pardonner, de défendre les autres, de me défendre, de dire pardon, d'affronter toutes les réalités de la vie … ;

- Le courage de savoir dire non ! Définitivement... ou, après réflexion et informations nouvelles, être capable de changer d'avis .

- Le courage de rester seul, de regarder les choses en face … ;

- Le courage de ne pas être sûr, de douter … ;

- Le courage d'aider les autres … ;

- Le courage de garder un secret, de n'avoir peur de rien ;

- Le courage de voir les choses en face ;

- Le courage de se confier à ses parents, de parler de ses mauvaises notes, de parler de ses problèmes, de ses mauvaises habitudes … ;

- Le courage d'oser … ;

- Le courage de s'interposer quand ... cela est nécessaire ;

- Le courage d'assumer… ;

- Le courage de chercher … ;

- Le courage de ne pas " perdre courage ", de persévérer, de surmonter les tracas quotidiens, de résister à l'ennui, à l'abandon … ;

Il y a des moments dans la vie où il est nécessaire d'avoir le courage d'être capable de "répondre ( se porter garant de ...) de son courage " même quand on n'a jamais été dans le péril …

Dans la vie quotidienne un grand nombre de situations , non misent à la " une " des médias, exigent toutes sortes de formes contemporaines subtiles de prises de risque et de courage .

Le courage d' endurer ( supporter avec patience,obstination, subir lorsque cela est nécessaire) , qui n'est pas un but en soi, qui est l'énergie que l'on peut assurer,dégager, que l'on peut libérer pour " être soi-même ", pour assumer, c'est-à-dire " prendre la responsabilité de … " , " à prendre sur soi " ; où que si l'on peut refuser de prendre en charge … !



Voici un texte de Pierre Michel Klein, professeur agrégé de philosophie concernant le courage .


"" Le courage est la vertu du commencement, nous dit Jankélévitch (Vladimir, philosophe français, 1903-1985) .

Quel commencement ?

Il ne faut pas de courage pour naître, ni pour être . Il en faut pourtant, parfois, pour continuer d'être, ou pour cesser d'être .

Mourir, nous n'y pouvons rien ! Peut-être y pouvons-nous malgré tout quelque chose, faire face, ou bien garder la face sans se laisser envahir au moment d'être anéanti . Le courage, vertu inaugurale : ce qu'il faut faire ne va pas de soi (aller de soi : être évident, se voir comme le nez au milieu de la figure) , mais provient de nous-mêmes, nous instaurons cela, quand sans notre intervention les choses n'iraient que par la « force des choses » ( le cours des événements, considéré comme une causalité inéluctable, inévitable) .

Or commencer - commencer de lutter, commencer de résister - non seulement ne va pas de soi, mais peut aller aussi contre soi-même, malgré soi . Malgré la peur, malgré l'inertie, malgré ce qui en nous permet et pousse aux douces lâchetés (peurs, bassesses,faiblesses) , aux serviles abandons . Sans doute ce qui se nomme « lâcheté » nous propose-t-il de ne rien commencer quand il faudrait commencer quelque chose, ou bien de suivre ses propres pesanteurs en un gras laisser-aller de soi-même en soi-même, en dépit de tout, comme aspiré par sa propre nuit . Le courage alors s'imposerait malgré cela, malgré le désir peut-être, ou bien malgré l'obéissance, en une subversion dressée contre les submersions ou la mort sait respirer .


On le sait, le commencement courageux ne manque pas de mobiles de s'abandonner .

Commencement, donc ; et contre l'ordre des choses . Et malgré tout ce qui en nous tend à rejoindre cet ordre ; malgré nous-même .

« Commencer malgré » :

Voici une double et indissociable détermination du courage qu'il faudra suivre le long des pages, parmi la diversité de ses modalités et de ses figures concrètes . Face au hasard qui peut sembler nous faire, aux accidents qui nous bouleversent .

Face à notre propre corps et à son ordre, l'ordre des choses qu'impose la maladie, sa grave chronométrie , jour après jour . Là aussi, peut-être, commencer quelque chose, ne pas s'abandonner, trouver en soi de quoi intervenir au sein d'un soi-même devenu apparemment impossible, quand se mettent à y loger d'étranges ennemis . Face à l'ordre barbare qui réglait l'industrie de l'horreur nazie .

Et face à la mort . La mort elle-même, face à son ordre implacable, quel acte ? Une manière ? Un style ? Ou bien peut-être aussi quelque chose à dire, encore, quand on a seulement envie de crier .


Le courage, donc, intervient et s'oppose : à un problème, un danger, un péril…

C'est graduation du risque confère sans doute davantage qu'une simple intensité au courage, car de la nature exacte de cette chose qu'il faut surmonter naît la qualité propre du courage : ce qu'il est, son contenu, son sens .

Car il faut bien se demander s'il suffit de lutter contre un contraire, quel qu'il soit, pour affirmer qu' il y a là une sorte de courage .

La lutte est une chose, son sens en est une autre .

Là peut-être pourrait-on éclairer, par exemple, la persistante question où il est demandé de décider entre le courage morbide du suicidaire qui se détruit, et le courage qui l'appellerait à ne pas se détruire . Courage malgré la pulsion de vie, courage malgré la pulsion de mort :

Doit-on exclure de la compréhension de la notion de courage l'idée qui l' inspire, la puissance qui l' invite, le monde qui s'y porte ?

Ce point de vue -du sens, de l'idée - permettrait au moins de donner une raison de ne pas estimer que ferait preuve d' « un certain courage » la brute qui irait jusqu'au bout de son intention de " salaud " .

Mais dans le courage, il n'y a pas seulement un objectif à atteindre .

Il y a aussi un sujet qui cherche en lui de quoi l'atteindre, et qui le trouve, ou ne le trouve pas . Car le courage participe - t- il d'une sorte de « don » ? d'un caractère, d'une détermination subjective ? Il faudra chercher à repérer, parmi les témoignages et les réflexions qui suivent, comment se décide un homme, qui jusque-là se serait pensé « trouillard », ou brave, et qui révélerait un stupéfiant courage, ou une lâcheté inattendue au moment de l'événement .

Quelle empreinte, quelle trace subjective suit- il alors en lui-même, quelle lumière éclaira donc les premiers pas du premier aveugle ?

Car le « malgré tout » qui fait le courage se profile sur un horizon chargé de bien des découragements possibles, liés à l'obstacle, bien sûr, mais aussi à ce mystérieux « soi » qui peut aider ou empêcher et qui n'est pas à lui seul tout à fait digne de confiance . Ne faut-il pas savoir rompre avec sa nature, ne pas s'acharner forcément à poursuivre un penchant - serait-ce un penchant au courage - sans se demander si faire montre de profondeur n'est pas parfois une manière de s'enfoncer ?

Et l'on devra comprendre où peut bien se situer ce qu'on nomme la « lâcheté », entre le découragement, vers lequel un étrange vertige nous attire, et le complice laisser-aller qu'il nous arrive de prendre pour du courage, et qui nous aide seulement à nous y pousser .


Mais le courage ne s'accomplit pas seulement dans le face-à-face, avec soi-même ou contre un ordre .

Il lui faut aussi compter avec le temps . Une décision n'est pas facile à prendre, on hésite, on peut s'engluer dans les raisons de ne rien faire, mobiliser toutes les ressources de sa mauvaise foi afin de permettre l'abandon .

On s'enfonce en soi-même de toute son épaisseur et puis, parfois, la décision héroïque surgit quand même, et voilà : on se voit face à ce qu'une sombre facilité aurait pu éviter, une différence, un sommeil… et non . Les yeux ont décidé de s'ouvrir, il faut désormais persister . Il y a eu le courage de l'instant même, mais il faut maintenant durer, jour après jour, matin après matin, et endurer les nuits . Il y a l'héroïsme de l'éclat, à la force duquel les colonnes s'écroulent, et celui du tunnel poursuivi sans fin, l'un et l'autre aveugles et en vue d'évasion .

Comment vaincre l'irrésistible ?

Comment endurer l'impossible ?

Et pourquoi ? quelle raison, quel idéal, quelle responsabilité, quel regard nous lient donc aux secondes qui viennent ?

Et qui crée notre avenir à partir de rien ?

Cela, il faudra le lire et l'écouter, et le demander à ceux qui ont su s'inventer, ou vivre l'enfer, ou survivre à l'indicible .


Dans la persévérance elle-même, ou bien dans le temps d'assumer la décision courageuse, peut-être prononçons-nous en nous-même : « si j'avais su… » . Et que savions-nous alors ? Quelle ignorance, quelles désillusions sont donc les nôtres au moment de nous précipiter ? Au fond, nous nous demandons parfois si nous avons raison, ou si nous sommes vraiment lucides . Comment nous débrouiller dans cela ? Quel exact degré de clarté doit donc accompagner une décision ? Ne faut-il pas un peu d'une certaine illusion pour mobiliser un effort ? Ces questions portent sur la « conscience » courageuse, et sur l'inconscience aussi .

La sagesse antique répugnait à l'idée qu'on puisse se donner du courage avec un peu d'eau -de -vie . Et l'alcool n'est pas la seule puissance à nous préserver de la défaillance . Il suffit d'être « imbu » de nous-même, ivre d'amour pour notre image ; ou bien imbibé du torrent de mythes plus ou moins fascinants dont s'inondent les pensées courantes .

Plus tard parfois, bien plus tard, on peut se demander ce qui nous a pris de nous mettre ainsi dans de sales draps et l'on se dit : « si j'avais su… » .

Donnons deux suites à cette formule : «… je l'aurais fait quand même » ; fidèle à un acte, nous refusons aux raisons le dernier mot - d'ailleurs, cette lucidité rétrospective a-t-elle vraiment, avec le courage, quelque chose à voir ? - «… je ne l'aurais pas fait » ; nous prendrions alors conscience de ce que notre courage était halluciné, au moment décisif, et nous serions tombé comme un somnambule du haut d'un toit . Le sommeil et l'ivresse nous préservent un peu de la peur, nom de la chute .

Or le courage ne suppose-t-il pas une claire conscience de la peur elle-même, et par là du risque exact et du danger ? Quelle est la juste part de la conscience et de l'inconscience dans le courage ?

Mais si le courage conserve son mystère, c'est qu'on peut penser que ces questions n'en épuisent pas le fond : alors ce que l'on « sait » ou ce que l'on ne «sait » pas importe peu, puisqu'il s'agit premièrement de « faire » quelque chose .

Le fait du courage appelle à d' inépuisables interprétations, dès qu'on s'engage à tenter de lever cette seule difficulté : peut-on à la fois prendre conscience de toutes les bonnes raisons d'agir ou de ne pas agir ? Probablement ; mais alors,

la lucidité ne serait que le témoin impuissant de notre lâcheté .

Ou bien, avoir raison d'agir serait si contradictoire avec ne rien faire qu'une telle lâcheté n'indiquerait, au fond, que des « raisons » dont nous n'aurions pas pleinement conscience…

En tout cas, une sorte d'idéal se pose en nous comme un motif qui nous guide ; et notre plus ou moins nette lucidité porterait aussi sur l'appréciation - parfois bien hasardeuse - de la valeur de ce motif : car vaut-il pour lui-même, et pas seulement pour nous, que nous en payions le prix ? S' il vaut suprêmement, soyons prêts au sacrifice suprême . Et s'il ne vaut rien ou pas grand-chose ?

Notre acte n'aurait-il de valeur que par le seul courage qu'il y aurait à l'accomplir ?

Là commence le courage pur et simple, indépendant de la valeur de l'idéal, le courage irrationnel, libre, de cette seule liberté d'où surgit l'acte gratuit . L'aventure permet ce genre de courage, auquel se risquent les risque-tout . Mais attention : cette belle indépendance vis-à-vis de la valeur de l'idéal ouvre aussi aux courages destructeurs, dévastateurs . Et le courage pur ne ferait que dissimuler sous sa belle apparence le courage brut .

Le courage est lié à l'idéal, mais quelle peut être au juste la teneur de ce lien ? Ou bien le courage crée-t-il de la valeur par son effectivité même ? On voit que l'on peut vite se laisser captiver par l'esthétique du courage, ébloui au point parfois d'oublier que le beau n'est pas le bien . Mais aussi, qu'ajoute au bien que l'on fait, le fait de le faire « avec courage » ? ""

Ce texte de Pierre-Michel Klein est parfois ardu, nous en sommes conscient ; vous pouvez poser des questions à vos parents ou les rédiger dans la rubrique " commentaires " qui suit chaque billet .

Courage, tenez bon !

Fidèlement vôtre, Esiobreg .

vendredi 25 février 2011

Glossaire* de notre langue française : En ce jour, il est question, il s'agit du sujet concernant l'ambiguïté **.

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*Glossaire : dictionnaire érudit expliquant les mots les moins connus d'une langue, peu usuelle ; vocabulaire des mots vieillis, surannés, ou obscurs d'un ouvrage ; ou lexique d'un domaine spécialisé .

**Ambiguïté : Ce qui est ambigu offre plusieurs sens ; susceptible d'être interprété de plusieurs manières ; il se dit des pensées aussi bien que des actions .
Ce qui est équivoque offre deux sens ; c'est ce qui peut être compris de deux manières différentes, mais rendu tel à dessein dans le but de tromper .
Ce qui est amphibologique, offre un sens incertain, à cause que la construction grammaticale est mauvaise ; dont la signification ne peut être précisée et qui n'est donc pas conforme aux lois du langage .
Ce qui est louche , n'a pas de netteté, par la faute, soit de la construction, soit de l'expression ; dont la signification n'est pas claire et qui n'est pas juste où conforme au vrai .
Ce qui est ambivalent , présente deux valeurs ; se distingue de l'ambiguïté, qui concerne l'interprétation des faits et non les faits eux-mêmes .


Il s'agit ici de l'acception ( sens dans lequel on prend un mot,sa signification) sémantique ( qui se rapporte à la signification des éléments du langage ; science de la signification des mots d'une langue, de la vie des mots, de leur naissance et de leur vieillissement) , de ce terme à double sens, qui présente plusieurs interprétations, d'où obscurité et incertitude . Le double sens présente deux interprétations, qui peuvent être toutes deux manifestes et apparentes .
Une phrase est ambiguë si elle est susceptible de recevoir plusieurs significations . Cette possibilité provient de deux sources principales :

-Un mot de la phrase est ambigu et a deux sens différents ou plus [ambiguïté lexicale (vocabulaire) ] ;

-La construction syntaxique de la phrase est ambiguë et elle peut se présenter de différentes façons [ ambiguïté syntaxique ( règles qui président à l'ordre des mots et à la construction des phrases )] .

On remarquera que dès lors qu'il il y a ambiguïté lexicale ou ambiguïté syntaxique, il y a automatiquement ambiguïté sémantique ( relatif à la signification, au sens ; étude du langage considéré au point de vue de sa connotation: de son sens particulier dans le contexte dans lequel il se situe ) . Par ailleurs, une phrase est ambiguë de façon sémantique si les deux lectures qui lui sont associées déterminent des conditions de vérité différentes .

Tout ceci fait le charme et est à l'origine del'efficacité de la langue française .

Fidèlement vôtre, Esiobreg .

jeudi 24 février 2011

Tyrannie, servitude, oppression : le peuple s'est soulevé contre l'autoritarisme despotique , illégitime .

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Tyran : celui [despote, dictateur : détesté, redouté, impitoyable], qui abuse de son autorité contre le droit et la raison ; qui gouverne un pays , une entreprise, une administration ...etc , de manière absolue, par la force. Ce qui annule ou limite le libre arbitre, ce dont on peut difficilement s'affranchir .

« L'opinion est souvent un tyran bien absurde »

...Ce pouvoir injuste et violent...

Dans l'Antiquité, on appelait tyrans, ceux qui parvenaient à s'emparer du pouvoir suprême dans une république, et substituaient ainsi leur volonté personnelle à celle du peuple . Ces coups d'Etat, comme nous les appellerions aujourd'hui, étaient fort nombreux dans la vieille Grèce, où pullulaient les petites républiques . Et la plupart du temps c'était le désordre des volontés et la confusion d'une politique sans orientation sûre qui favorisaient l'arrivée au pouvoir d'un homme décidé, ambitieux, peu embarrassé de scrupules .

Arrivé au pouvoir par la violence et l'illégalité, il ne pouvait s'y maintenir que par les mêmes moyens .

Un nombre incalculable d'actes odieux par leur caractère arbitraire ou leur cruauté ont été commis par ces tyrans . Et ce terme de tyrannie, qui en soi désigne seulement l'autocratie, a fini par être synonyme de despotisme criminel et sans entrailles .

Si nous parlons ici de tyrannie c'est pour étudier, en leurs formes les plus laides, quelques-unes des déformations (altérations de la forme naturelle, normale ) et des aberrations ( anomalies, déviations par rapport à certaines valeurs ... dans les perceptions ) de l'autorité .

Rien dans le monde ne saurait demeurer pur, ni se garder des exagérations, des corruptions, de la perversion (altération de la conscience morale, qui inspire des actes ou des sentiments contre nature).

Toutes les plus belles choses ont subi l'action dégradante des passions et des vices des hommes . A chaque figure répond une grimace, à chaque visage d'odieux abus, à chaque fonction, la caricature de cette fonction . La médecine dégénère en charlatanisme, la religion en superstition, la vertu en hypocrisie et l'autorité normale, nécessaire et bonne, a pour hideuse contrefaçon le despotisme et la tyrannie . Hâtons-nous de dire que cette tendance du pouvoir à glisser vers l'absolutisme est dans la nature . Ce n'est pas un phénomène exceptionnel . C'est une manifestation courante . Il s'agit de la surveiller d'autant plus .

Dans le monde des animaux règne le droit du plus fort . Dans le monde humain, la même loi se fait valoir .

Les choses ne se règlent pas, à l'origine, par la justice et l' impartiale équité .

On veut une chose et, si l'on est assez fort pour se la procurer, on se la procure . On désire qu'un autre homme agisse d'une certaine façon conformément à nos désirs, nos intérêts, nos appétits, et, s'il le faut, on l'y contraint .

Violence, oppression du faible par le fort, mépris du droit des autres, réduction en esclavage de quiconque est moins capable de se défendre que nous-mêmes : voilà la pratique ordinaire de l'humanité inférieure . Et nous sommes sans cesse tentés d'y retomber . Dans chaque homme, il y a une bête prête à se réveiller . Sa nature inférieure le reprend et le domine, s'il ne se surveille . Cette brute en nous, qui nous fait commettre des actions indignes de notre titre d'hommes, a pour signe particulier d'aimer la tyrannie. Un de ses grands plaisirs est de faire sentir aux autres sa supériorité . C'est de cette vieille et hideuse bête que vient l'esprit de tyrannie .

On peut bien dire que le tyran n'est jamais complètement vaincu . Partout où les hommes ont entre eux des rapports de supérieur à inférieur, le monstre essaie de sortir de son antre . L'esprit de tyrannie consiste simplement en ceci : croire que notre volonté personnelle, c'est la loi . Tout doit plier devant elle . Quiconque ne fait pas ce que nous désirons est notre ennemi . Il faut le briser comme verre .

Vouloir ce qui est juste, équitable, l'humain, cela ne préoccupe pas le tyran . Il veut : cela doit suffire . Que chacun s'incline !

Avec de pareils procédés on arrive à vicier toute espèce de commandement en y introduisant l'arbitraire . Et par là tout ordre est rendu haïssable et toute règle excite à la révolte .

Or, si l'esprit d'insoumission, de mépris et de haine de tout frein et de tout ordre et une chose abominable, il faut convenir que résister à la tyrannie est noble, l'humain, et conforme au devoir .

Nous approuvons tout à fait l'intervention de l'autorité pour faire respecter la loi, la justice, l'ordre . Que si, dans un esprit d'anarchie, un individu, le famille, une collectivité s'insurge contre la loi, compromet le bon fonctionnement des services publics, entrave la liberté du citoyen, nous trouvons juste que ces tentatives de désordre soient arrêtées, réprimées, au besoin sévèrement châtiées . L'intérêt public l'exige ainsi ; rien de plus compréhensible et de plus juste .

Pour la même raison, il faut résister à la tyrannie
. Lorsque, sous le couvert de l'autorité, de l'influence que confère l'âge, la position sociale, la fortune, le nombre, un individu ou une collectivité exerce sur leurs semblables une oppression quelconque, les violentent dans leurs droits, dans leur conscience, dans leur dignité du citoyens, tout homme de bien doit se lever, et résister .

La tyrannie est une forme de l'anarchie .

Il n'est permis à personne de la supporter . Elle est l'outrage suprême à toute créature humaine . Chacun de nous doit avoir pour bien précieux sa dignité de libre citoyen , et n'y souffrir aucune atteinte .
Malheureusement, il y a une certaine lâcheté dans les caractères qui les qualifie à la fois pour le métier d'esclaves et pour celui de tyrans . La plupart des hommes ne sont assez courageux ni assez justes pour résister à la tentation d'opprimer les autres . La plupart des hommes ne sont ni assez courageux ni assez pénétrés du sentiment de leur honneur, pour résister énergiquement à ceux qui les traitent par la violence ou d'autres formes de l'oppression . Ils se soumettent par peur, par mollesse, par manque de dignité . Ainsi va la vie .

Quand on ne peut pas faire autrement, il y a de la grandeur d'âme à souffrir même la tyrannie et à mettre son courage dans la patience, la résignation et la douceur . Mais, chaque fois que, par un effort vigoureux et même au prix des plus grands risques et du sacrifice de notre vie, nous pouvons rompre le joug d'une tyrannie, notre devoir strict est de le faire . C'est un grand malheur que trop d'hommes se résignent à l'oppression, parce que la lutte contre elle est longue et pleine de dangers . Ceux-là capitulent devant le monstre . La lâcheté des esclaves est la meilleure alliée des tyrans . Et des tyrans il y en a partout où un homme se permet d'intimider ou d'asservir un autre homme .

Au fond l'esclave et le tyran ont la même âme basse . Tous deux croient à la violence, l'un pour plier sous son poids, l'autre pour s'en servir à faire plier ses semblables . Et l'on peut bien dire que les tyrans commandent et règnent avec une âme d'esclave, et que, dans chaque esclave, il y a l'étoffe d'un tyran, qui n'attend qu'une bonne occasion pour se révéler .

Écoutez bien les enfants : ne soyons le tyran de personne et l'esclave de personne .

En cela se résument nos devoirs envers la Liberté,ce bien le plus sacré, qu'il ne faut jamais se laisser ravir et qu'il ne faut essayer de ravir à aucun homme .

Avant de "porter un jugement " sur tout comportement d'autrui,de quiconque, en toutes circonstances, il est nécessaire et impératif , de n'agir que si notre esprit critique et notre analyse des informations qui nous sont parvenues ont joué leur rôle de "détecteurs de la réalité " ! Surtout lorsque les informations parviennent d'une foule anonyme et déchainée .

Bien à vous tous, fidèlement vôtre, Esiobreg .

dimanche 6 février 2011

Intelligence* [ entendement, réflexion] et Raison** [ bon sens, discernement] .



INTELLIGENCE

Au temps jadis… comme de nos jours… développer son intelligence, c'était… , c'est… commencer par acquérir ces petits réflexes qui semblent au premier abord si anodins, mais cependant, qui permettent de forger son esprit inexorablement (d'une manière à laquelle on ne peut se soustraire) .

Actuellement, les temps changent ; il en est peut-être autrement : c'est regrettable, triste, mais c'est la seule alternative, résister !

Voici un extrait qui vous situera à une époque révolue : Le départ pour l'école, de Jacques Normand, Les visions sincères, éditions Calmann-Lévy, 1894 .

"" « C'est l'heure de la classe, a dit la mère, en route ! »
Les yeux pleins de sommeil, les petits écoliers
S'habillent à tâtons, mais alors gros souliers ,
Et les voilà partis, grignotant une croûte .

Qu'il fait froid, ce matin ! Les arbres, en déroute*,
Se courbent sous le vent qui cingle les halliers** ;
Et la neige, poudrant les sillons réguliers ,
S'attarde sur la terre et la recouvre toute .

Oui, l'École est bien loin et l'hiver est bien dur !
Marchez, pourtant, marchez d'un pas vaillant et sûr ,
Enfants, vers le Devoir, le Travail, l'Espérance….

Chacun, pour le pays, doit peiner à son tour….
Marchez vers le savoir ; quand vous serez, un jour ,
Humbles petits cerveaux , le cerveau de la France .""

* Courbés sous le vent , les arbres semblent fuir .
**Buissons serrés et touffus .


Ce deuxième extrait : Une école d'autrefois , Ernest Lavisse , Nouveaux discours à des enfants , éditions Armand Colin , vous permettra d'apprécier l'ambiance d'une salle de classe, d'antan (du temps passé)

"" 1- Une des choses qui m' occupent le plus, pendant, mes séjours chez nous (l'auteur s'adresse aux enfants des écoles primaires du Nouvion ,son village natal) , c'est la comparaison,à propos de tout,entre autrefois et aujourd'hui, qui m'est une matière à des réflexions sans fin . Cette comparaison, je n'entreprendrai pas de vous la présenter tout entière ; une journée n'y suffirait pas . D'ailleurs,il faudrait que vous fussiez plus vieux de quelques années pour bien la comprendre. J'en choisirai seulement les traits les plus simples ….

2 - Lorsque furent inaugurées les nouvelles écoles du Nouvion , j'ai parlé de la vieille école où j'ai appris à lire, à écrire et à compter .
C'était une salle unique, éclairée par des fenêtres à petits carreaux, que je n'ai jamais vues ouvertes . Point de plancher ni de carrelage ; nos sabots frottaient la terre nue. Des bancs,mais point de tables .
Nous écrivions sur des planches de chêne, percées en haut par un petit trou où passait une ficelle qui les suspendait, la classe finie,à des clous piqués dans le mur . Ma planche, que je regrette bien d'avoir perdue, avait servi à mon père et à ma grand-mère dans cette même école où nous fûmes tous les trois élèves du même maître, le père Matton , - nô maître .

3 - Il était bien vieux, nô maître, lorsque je deviens son élève en 1847 ou 1848 , je ne sais pas au juste . Sous son bonnet de soie noire,de la chair grise pendait par petits paquets ( des bourrelets de chair recouverts de barbe grise) .
Il était habile à tailler les plumes d'oie dont nous nous servions, car l'usage des plumes métalliques commençait à peine à se répandre dans les campagnes . Ceux de nous qui possédaient une « plume d'acier» en humiliaient les camarades ( ils se croyaient supérieurs à ceux qui n'avaient qu'une plume d'oie , et ces derniers se sentaient rabaissés, humiliés ) .

4- Longuement, nous écrivions des pages, nous ânonnions ( ânonner : lire ou réciter d'une manière pénible et hésitante) des lectures et la table de multiplication, et c'était tout .
Nô maître avez des raisons trop bonnes de ne pas nous en apprendre davantage ( ils n'en savait sans doute pas davantage !eh oui ! ; mais il était " maître en la matière "[contrairement aux professeurs d'école d'aujourd'hui, à l'heure qu'il est ! qui, parfois, répètent, rebattent les oreilles des enfants avec des données d'un programme de licence et même de maîtrise !) . Sa discipline avait des duretés : des coups de baguette sur les doigts joints ensemble , où des séances à genoux, la main droite levée soutenant une brique ( j'ai , moi-même, connu ces sortes de mésaventures ; loin d'être néfastes à mon psychisme, ces soi-disant, prétendus sévices m'ont permis d'acquérir un niveau de langage dont je suis fier actuellement) .

5 - Mais nous connaissions de bons moments : le père Matton , chantre au lutrin , nous quittait quand il y avait messe de mariage ou de mort , et tous les samedi après-midi , -car on chantait alors les vêtres du samedi . Son chant d'octogénaire semblait l'aboiement, péniblement déclenché, d'un chien très vieux . En son absence, sa fille, mademoiselle Adèle, venait s'asseoir dans la classe, où elle épluchait sa salade .
Elle nous surveillait de l'oeil,- c'est bien le cas de le dire, car elle n'en avait qu' un. Pour nous faire tenir tranquilles ,elle promettait aux plus sages des «turons », comme on appelle ici la tige des feuilles de salade . Ces turons de mademoiselle Adèle furent les premières récompenses scolaires que je reçus .

6 - Mais j'ai déjà raconté ces choses, qui doivent vous sembler étranges, à vous,mes enfants,logés dans de belles écoles,et à qui plusieurs maîtres et maîtresses, préparés par de longues études à la fonction d'enseigner, enseignent les éléments de toutes les connaissances humaines . ""

Il est important d'être conscient du fait que c'est ainsi que furent éduqués nos savants,nos médecins,nos écrivains …, tous nos concitoyens jusqu'aux plus modestes,tous les français et leurs héritiers [en particulier que fut développée, magnifiée leur intelligence] , tous ceux qui devinrent, formèrent l' « ossature» de tous les membres de notre société actuelle .




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* Intelligence : Ce qui permet " aux gens " d'apprendre, de comprendre, de s'adapter . Faculté de connaître, de discerner, de faire preuve de perspicacité . Le contraire d'intelligence, c'est la bêtise, la stupidité .
Fonction mentale d'organisation du réel, en pensées, chez l'être humain; une sorte d'outillage de la réflexion .

Intelligent : qui comprend facilement les choses et s'adapte bien à toutes les situations .

** Raison : c'est ce qui permet de comprendre, de juger, d'agir comme il faut ; d'être lucide .

Faculté naturelle, intellectuelle, par laquelle l'être humain connaît, émet des avis, et se conduit pour nous montrer où sont nos devoirs , l'équité ou la justice et qui nous contraint à éviter l'erreur et à agir d'une certaine manière.
Bon sens : aptitude de l'esprit à juger sainement les choses et le bon sens se rapproche de la raison sous le rapport moral ; il montre davantage de sagesse dans la conduite .
Jugement : c'est la substance de la faculté que possède l'esprit humain de décider qu'il y a convenance ou non entre deux idées ; c'est , en quelque sorte le sens lui-même, mais exercé et développé par la pratique .
Sens des choses, des événements, des êtres vivants : faculté que l'on posssède de percevoir les objets extérieurs et de voir les choses comme elles sont ; c'est également pouvoir reconnaître instinctivement ce qui est bien ou mal, sans impliquer un perfectionnement par l'étude ou par l'exercice .
Certains[ enfants, adultes] font souvent des choses contraires à la raison .
Avoir raison, c'est ne pas se tromper !


RAISON

" La raison est la faculté de saisir la raison des choses " Cournot .




La raison : cette donneuse ... de leçons [ ! ] nécessaires pour notre santé et pour d'autres interactions très nombreuses dans notre vie de tous les jours ; elle seule, peut nous permettre de nous " écarter " de ces manies néfastes, funestes, préjudiciables, nous détourner de ce fléau,tel que le tabac ... ; elle seule, peut - nous faire renoncer aux influences maléfiques de certains milieux et de certaines habitudes, - nous rendre conscients de la nécessité de forger notre entendement en vue d'acquérir la force de développer notre esprit critique et notre capacité à comprendre, à jauger, les informations qui nous parviennent de toutes parts ; elle seule peut nous apprendre à privilégier le " raisonnement " avant d' adopter, de développer des conduites, des comportements litigieux, douteux, à risques, parfois incohérents, odieux, même asociaux ...





Les petits fumeurs, Marc Legrand, L'âme enfantine, éditions Armand Colin, 1927 .



"" Fumer, c'est s'empoisonner lentement .


Au lieu d'apprendre leurs leçons ,
Fumaient quatre petits garçons .
Sur le bureau de leur papa ,
Ils avaient trouvé du tabac .

Chacun,n'ayant pas de papier ,
Avait découpé son cahier .
L'un se brûle avec un charbon
Et dit :« Fumer, c'est vraiment bon !

Le second prend un fier maintien
Et dit : « Ma foi , ça va très bien ! »
Avec des larmes dans les yeux ,
L'autre dit : « C'est délicieux ! »

Le plus petit,crachant,toussant ,
Dit : « Je suis un homme à présent ! »
Le soir,ils se mirent au lit ,
Grelottants et le front pâli .

On les soigna,longtemps,longtemps ;
Ils redevinrent bien portants .
Ils furent sages désormais ,
Il ne fumèrent plus jamais . ""


Voici un paragraphe extrait d'une biographie sur Marcel Proust concernant une histoire vécue:

« Tandis que le docteur Proust se consacrait à sa carrière, le garçonnet faisait l'objet des soins attentifs de sa mère et de sa grand-mère . Ces deux femmes admirables s'étaient donné pour mission d'éveiller en lui les sentiments les plus élevés et les plus délicats, et de développer, d'éveiller son intelligence, qui était vive, précoce, hors du commun, pénétrante .

Madame Nathée Weil, la grand-mère, aimait la musique et la littérature ; elle avait une prédilection pour les chefs-d'oeuvre du XVIIe siècle .
Madame Proust, de son côté, avait étudié avec bonheur le latin et le grec, l'anglais et l'allemand .
Mais leur ambition était surtout former l'âme de l'enfant, et elle lui donnèrent l'exemple des qualités les plus rares ; la noblesse habituelle des sentiments, un dévouement inlassable et une profonde modestie. « Humble de coeur, et si douce… » a écrit Proust, parlant de sa grand-mère… »


En fait, qu'est-ce qu'impliquent "avoir de l'intelligence" et "faire preuve de raison" ?

Ce n'est pas simple, banal .... ce sont des notions " qui sortent de l'ordinaire " !


Je suis certain que vous savez que votre oeil peut " regarder " tout ce qui existe, [et réfléchit la lumière !] ; cependant il ne saurait "se regarder " lui-même [ bien sûr , sans l'aide d'un miroir] .

Un obstacle, une difficulté semblable à celle qui interdit, qui empêche l'oeil de " s'observer " lui-même, s'oppose , va à l'encontre de « l'observation de la raison » . Pour que cela se produise, en effet, il faudrait que la raison puisse réfléchir sur elle-même, ce qui serait très difficile, sinon impossible.

Il est nécessaire cependant d'avoir sur ce point quelques lumières . Essayons de les atteindre, de les aborder, d'accéder aux éléments qui nous permettront de comprendre ce dont il s'agit .

La raison est l'ensemble de toutes les clartés que nous pouvons nous procurer sur les choses et qui nous servent à nous diriger, à nous orienter dans le champ des connaissances . Ces clartés, ces lumières , peuvent être plus ou moins grande : un être humain peut posséder plus ou moins de raison .

Il y a une grande différence entre l'intelligence d'une part et la raison d'autre part . Nous pouvons dire d'un enfant qu'il est intelligent, mais pas raisonnable .

Être intelligent, signifie comprendre avec aisance, saisir les explications, pouvoir suivre un raisonnement, le fonctionnement d'un mécanisme ou le fil d'une démonstration .
Ainsi seriez-vous par exemple, très rapide a parfaitement comprendre quels sont, dans un organisme humain, les effets de l'alcool et quels ravages il y exerce, et en cela, vous vous montreriez intelligent .
Pareillement vous seriez en mesure d'admettre, de concevoir, quels sont dans un cerveau humain les effets pervers de la consommation de drogues et être conscient des dévastations, des désastres que ces pratiques y entraînent : dans ce cas également vous vous montreriez intelligent .

Mais, en absorbant malgré cela ces deux poisons vous prouveriez que vous manquez de raison .
Il y a dans le monde beaucoup plus d'intelligence qu' il n'y a de raison . Et c'est bien pour cela que tant de jeunes adolescents doués d'une belle intelligence, ne réussissent pas à faire une carrière digne d'eux . Une certaine modération, un certain équilibre, de la prudence, du jugement, tout un ensemble de qualités, qui caractérisent un homme raisonnable, leur manquent .

De nombreux élèves, collégiens, lycéens, universitaires, sont doués d'une grande facilité d'intelligence, de mémoire . Ils peuvent apprendre tout ce qu'ils veulent . Ce sont des esprits brillants, parfaitement outillée pour devenir des hommes utiles et bons, à condition qu'il ne négligent pas de cultiver leur raison . Dans le cas contraire, il se peut que leur intelligence, plus vaste et plus cultivée, ne leur serve qu' à commettre de plus grosses bêtises, stupidités et erreurs parfois lourdes de conséquences . Par exemple, si quelqu'un n'accepte pas de vous rendre un service, et que vous vous comportiez de la même façon : c'est parfaitement logique. On profère des injures envers votre personne, vous répondez vous-même par d'autres injures : rien de plus logique. Ce jour un collègue vous refuse son aide, quelques jours après vous lui refuser la vôtre . Tout cela est incontestablement logique : mais est-ce raisonnable ?

Si vous consultez la simple et bonne raison, elle ne vous dira ceci : « Ce que vous faites là était-ce bien ce que vous pouviez faire de plus pratique et de meilleur » ?

Il se peut qu'une chose soit logique, mais quel profit en sortira-t-il pour vous ou pour les autres ? Où cette logique, ensuite, va-t-elle vous conduire ? Ne vaudrait-il pas mieux être un peu moins logique et plus raisonnable ?

Certains individus croient que la raison consiste à raisonner et raisonnent toute la journée . À regarder au fond des choses, de près, ce ne sont cependant que des machines, des systèmes qui tournent à vide . Ils réalisent un travail infructueux, stérile, trompeur, en peine perdue . Se taire et bien employer son temps est préférable .
Raisonner ainsi vous expose à radoter , et pire encore . Il suffit de réfléchir un peu à ces questions pour se persuader que la saine et droite raison est chose rare et précieuse et il n'est pas de trop de toute notre vigilance pour nous y maintenir, ou pour nous y ramener si nous avons quitté ses sentiers .

Monsieur « tout le monde » va s'imaginant qu'on a de la raison, comme on a une tête et des bras, par droit de naissance et que chacun sait en faire usage . L'erreur est grossière, maladroite . Un manchot sachant se servir du seul bras qui lui reste se rendra facilement plus utile qu'un homme qui a deux bras non exercés . S'il est nécessaire de se livrer à un apprentissage patient pour arriver à se servir utilement de ses bras, il est plus nécessaire et plus difficile d'apprendre à se servir de sa raison . De tout ce que l'homme entreprend, le plus malaisé est de penser juste, de juger sainement, de surveiller ses idées, ses désirs, ses sentiments, de discipliner enfin toutes ses forces intérieures qui forment son esprit et déterminent sa conduite .

Chercher avec ardeur ce qui est vrai, se faire une vue nette sur la vie, les choses et les hommes, amasser des renseignements et ensuite se conformer à ce que l'on a reconnu comme le juste, positif, recommandable : voilà qui constitue la vie dans ce qu'elle a de meilleur . C'est de la raison traduite en actes .

Ne nous laissons pas persuader que tendre à s'éclairer plus et à se conformer à la raison nous rende durs, par trop calculateurs, et déracine en nous la bonté . Certes, à ne nous inspirer que de l'intérêt, à peser sans cesse ce qui profite, à ne consulter que ce qui se nomme la froide raison, on descendrait au rang d'une machine à calculer . Mais ce serait précisément déraisonnable parce que ce serait inhumain .

C'est la raison humaine qu'il faut cultiver en nous et non une raison de singe dressé où entrerait plus de ruse que d'esprit large, bienveillant et lumineux . La raison véritable n'est étrangère ni à la conscience, ni au coeur, elle ne mérite même son nom que si une bonne et généreuse chaleur la pénètre . Ne vous laissez pas induire en méfiance contre cette raison là, parce que ni un individu, ni un peuple ne peuvent s'en passer . L'inconséquence, les égarements les plus étranges, les perversions les plus dangereuses sont à craindre le jour où un homme perd sa confiance dans les saines lumières qu'il a reçues pour se diriger dans la vie, et où, sous prétexte que notre savoir est limité, il se résigne à l'ignorance, à la superstition, à l'esclavage .

On ne peut être un homme dans toute la force du terme sans laisser fleurir en soi un esprit fait de fermeté comme de bonté, de clairvoyance comme de tendresse, de réflexion, de conscience délicate et de jugement sain . Toutes ces choses, que vous les appeliez le coeur, la tête, le sens du juste ou l'esprit scientifique, ne sont pas faites pour s'exclure mais pour se soutenir, se corriger, se compléter mutuellement .

La raison consiste à n'opprimer rien de légitime en soi, à ne mutiler aucune de ses facultés, intellectuelles ou morales, afin de tirer de leur fraternelle collaboration à toutes le plus de force et de douceur, le plus de courage et d'expérience, le plus de ressources possible, pour soutenir notre propre vie et celle de nos semblables .

Je vous laisse réfléchir à toutes " ces choses " et essayer d'entrevoir les conséquences de leur présence ou de leur absence .

Egalement d'être capable d'exercer ce pouvoir de discerner la vérité: faculté de connaître le vrai .

Vous pouvez faire des commentaires et poser des questions à la fin de ce billet .

Fidèlement vôtre . Esiobreg .